Si
comme pour le précédent album (le merveilleux Stash,
sorti l'an dernier) le coup de foudre a été immédiat, l'exercice
de la chronique, lui, s'est tout de suite montré plus réticent. Non
pas que le disque se passe de commentaires... il ne cesse en fait de
nous enfoncer dans le flou plus que ce que le groupe a déjà pu le
faire jusqu'à maintenant (au moins autant que cette phrase, c'est
dire...). Pas seulement à cause de la pochette (admirez
la cohérence, entre ce mois-ci et le mois dernier!), qui ne fait que
nous donner un aperçu de l'atmosphère dans laquelle on se plongera,
(et pas non plus à cause du nom du groupe, qui, précisons le pour
ceux que le doute habite, n'a rien de salace... contrairement à ce
qu'une vague faute de frappe sur google aurait pu faire penser...)
mais pour bien d'autres raisons.
D'une part parce
qu'il est bien vain d'essayer de les étiqueter... du moins d'arriver
à rendre justice en un terme aux superpositions minutieuses de
styles qui font la richesse de leur musique depuis les débuts (l'EP
Marshmallow Sunset en 2007 et l'album Unrecognize en
2010, sur le Dandelion Gold maison). On croise en permanence la dream
pop, l'ambient folk lo-fi, l'electronica cuivrée, le trip-hop... le
tout sublimé sur Stash par la présence de William Ryan
Fritch (de Vieo Abiungo et du Skyrider Band) et ses accents
acoustiques tribaux. Ainsi le jeu du name-dropping et des influences
s'avère également peu aisé (puis il faudra bien justifier la
relative pauvreté de mon après-chronique...).
D'autre part parce
qu'écouter le duo, c'est prendre le risque de l'aventure. Jamais
dans le lisse, toujours dans l'inédit... Alors on vit chaque album
comme le premier, le coq et le cygne éloignant les corbeaux, foulant
ici fièrement les terres du contraste. Ola Hungerford et Johnny Goss
égrainent chaque pan de leur musique à la chaleur d'instruments
affublés malgré eux d'une chape de plomb morose et synthétique. La
basse ronde et voluptueuse (une bonne Precision fait plus de miracles que les chemins de Compostelle) subit les assauts répétitifs d'un
spleen latent capricieux.
Décor planté vite
immergé par les échanges complices et copieux des musiciens... La
basse, toujours, caresse la batterie dans le sens de la plume, jusque
dans ses emballements syncopés, ses patterns jazzy au groove
redoutable partagés entre rigueur métronomique et folies
passagères. Pendant ce temps la voix cristalline émane de loin,
comme noyée dans le brouillard épais des quelques boucles et nappes
de clavier analogique... sur lesquelles les clarinettes viennent
surligner le caractère sombre et étourdissant. L'hypnose se
prolonge dans les relents de mélodies ethniques, indélébiles (la
sitar électrique de Nicolas Gonzalez sur ''Red Touch'' et ''Inner
Portal'', ou l'instrumental dub de ''Night Rising''), comme si la
dimension chamanique de Stash les
avait envoyés là où ils souhaitaient aller... toujours plus haut!
Une manière bien à eux d'aider un coq et un cygne qui ensemble
peineraient normalement à décoller.
C'était donc ça leurs angles
secrets?! Ça valait le coup de se creuser les méninges sur
ces drôles d'oiseaux! Et finalement la seule chose à rester flou,
c'est notre cerveau choqué entre deux oreilles amoureuses.
Riton
Secret
Angles en trois mots : hypnotique, voluptueux, bouleversant
Écouter
l'album en intégralité (il est aussi possible, pour encore quelques
temps, de le télécharger à prix libre) :
http://hushhushrecords.bandcamp.com/album/secret-angles
Si
vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
- Marshmallow Sunset, COCK & SWAN, Dandelion Gold, 2007 : Si ces débuts s'avèrent nettement plus lo-fi, ce premier EP possède déjà ce petit truc attachant que l'on retrouve partout dans leur courte discographie (en 10 ans d'existence, ce n'est peut-être pas quantitatif, mais extrêmement qualitatif) et cette recette musicale bercée entre acoustique et électronique.
- Stash, COCK & SWAN, Lost Tribe Sound, 2012 : William Ryan Fritch accueille le groupe sur son propre label pour une série d'anciens et de nouveaux morceaux, sur lesquels viennent se mêler tout un tas d'instruments acoustiques : la batterie d'Adam Kozie du groupe Pollens mais aussi le violoncelle, le vibraphone, les flûtes, le saxophone et le marimba de l’hôte. La musique de Cock & Swan prend ici une toute autre dimension... et c'est réellement brillant!! Un des ''Must listen'' de 2012.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire