En juin on
a pu entendre environ 354 reprises de Téléphone (on peut très bien rêver d'un autre monde sans irriter son semblable!!), 139 versions
ska de "Smells Like Teen Spirit", 58 "I Love
Rock'n'Roll" hésitants... il était donc plus sain de fêter la
musique chez soi, au pied de la chaîne que dans les rues, et de
préférer entre autres Bathetic au pathétique. Deux très belles
sorties pour le label le meme mois : une bonne dose de
drone/post-rock avec le premier album de Kwaidan, side-project
d'André Foisy de Locrian (décidément peu avare de son talent au vu
de la qualité de Return to Annihilation sorti le 24 juin
dernier chez Relapse et que Gagoun semble avoir beaucoup apprécié)
et de Neil Jendon et Mike Weis de Zelienople, et - ce qui retiendra
ici notre attention – un grand bon de vingt ans en arrière fait de
crachottements, de bricolage et de mélodies nostalgiques avec ce
deuxième album des philadiens de Cough Cool.
Bienvenue sur
les traces de la Lo-fi! Celle qui prend au tripes sans en faire des
(bre)tonnes, celle qui ne s'embarrasse pas d'enluminures. C'est le le
rock décomplexé, qui ne finit pas ses chansons (les dernières
notes abruptes de "Cross" et de "Knew It Was", le
fade out de "It's Night nd St. Ex", le mélange des deux
sur "Velvet", le dérapage contrôlé de "Keeping
Perfect Time''...) qui ne finit pas ses albums non plus d'ailleurs...
(Imaginez si je faisais pareil et ne terminais pas ma chronique) Peu
importe la chute tant qu'on a le contenu! Un beau contenu! C'est le
rock rafistolé au Chatterton... Pourquoi avoir un batteur quand on
peut utiliser à la place une boucle quelconque ou bien une boite à
rythme sorti d'on ne sait quel grenier miteux? (aussi curieux et
excitant que lorsque Chris Knox jouait le luthier sauvage pour les
Tall Dwarfs). Et c'est aussi le rock qui grésille, qui décrasse les
oreilles au coton-piqueur : dur à l'extérieur, fait
d'imperfections, des bandes essuyées au papier de verre d'un duo
de mecs à la cool occupé à gratter en répèt' en buvant des
sodas... doux à l'extérieur parce que ceux-ci savent écrire de
jolies pop songs redoutables, prêts à cueillir des fleurs et les
offrir avec les dents (comme celles de la pochette – enfin
peut-être pas les roses à cause des épines et tout... - laide à
souhait faut le dire, sorte de carte postale idéale pour hipsters
romantiques).
Un bon
compromis finalement! On ne s'essuie pas les pieds avant d'entrer, un
peu sale sur soi mais si attachant... d'autant plus avec toute l'eau
qu'on a mis dans son vin depuis Buy Some Dust en 2009. Pas bête d'avoir viré une de ces 36 couches de poussières au dessus du
son! C'est parfait, ça croustille comme en 90!
Riton
29
en trois mots (et pas l'inverse) : cool, attachant, Lo-fi
Ecouter
intégralement :
http://www.deezer.com/fr/album/6616710
Si
vous aimez cet album, vous aimerez peut-etre :
- Lately, COUGH COOL, Bathetic Records, 2011 : Premier vrai album de Cough Cool, déjà sur Bathetic (après un petit passage chez Debacle notamment, pour un EP éponyme), lorsque Dan Svizeny était encore seul aux commandes et nourissait sa musique d'un peu plus de reverbs shoegaziennes qu'aujourd'hui.
- Johnny Hawaii/Cough Cool Split Tape, JOHNNY HAWAII/COUGH COOL, Hands In The Dark/Ateliers Ciseaux/La Station Radar, 2012 : Un Cough Cool plus crade et maladif que jamais, en compagnie (sur l'autre face) d'un Johnny Hawaii from Marseille, qui met un peu de sable et de psyché dans cette excellente cassette.
- Nice, SPECULATOR, Underwater Peoples, 2011 : Nick Ray des Cool Angels spécule sur le bruit pour faire de son rock un hommage particulièrement bien pensé au top 40 des années 80... à tel point qu'on a l'impression d'écouter la cassette qui tourne en boucle depuis 30 ans dans le meme auto-radio de la meme voiture du collégien d'époque.
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