mercredi 12 novembre 2014

Jamais deux sans trois / Juillet - Août 2014


Wilderness Of Mirrors, LAWRENCE ENGLISH, Room 40



Reflets amplifiés de talent drone...



Galaxxxian, DJ QBERT, Autoproduction



Turntablism de génie pour retour en forme...



The Ninth Door, WIZARDS TELL LIES, Jehu & Chinaman



Les sorciers ne mentent jamais sur la noirceur...



Meshes Of Voices, JENNY HVAL & SUSANNA, SusannaSonata



Ces deux là ne partagent visiblement pas que blondeur et nationalité norvégienne...



For God Is A Flowing, Ebbing Sea, MESTA, Autoproduction



Rien que pour l'hommage à Gavin Bryars...



DNMF, DNMF, Autoproduction



Messieurs Dead Neanderthals et Monsieur Machinefabriek ont un fils...

samedi 1 novembre 2014

Orange Co. Serenade, DANIEL BACHMAN, Bathetic / Silence Is a Rhythm Too, MATTHEW COLLINGS, Denovali / Juillet 2014 / Flashback Blues, C\/\/\/\, Odd John Records / Things Haven't Gone Well, MUSIC BLUES, Thrill Jockey / Août 2014






       A défaut d'être vraiment chaud, l'été a été étonnamment très beau... musicalement parlant. Faut dire que d'habitude la période n'est pas la plus propice, injustement boudée par les artistes et/ou les auditeurs. Cette fois je n'ai pas eu à beaucoup secouer le tamis pour y trouver les pépites.

       Cette belle ruée vers l'or débute en Virginie, dans le comté d'Orange, où Daniel Bachman nous conte son Amérique. Un homme, une guitare et une technique de vétéran à 24 ans seulement approchant de plus en plus de ses héros dans le jeu du traditionalisme folk envoûtant, de l'acoustique instrumental qui se suffit à lui-même pour raconter des histoires. Une technique brillante de jeu aux doigts, de slide et d'harmonies délicieuses : dextérité et émotion au même plan nous tiennent captifs à en oublier les notes... le musicien se joue des résonances et de l'esprit guidé par un bagage ambient et les lumières de Jack Rose et de Pelt. Le style a fait du chemin depuis une Sacred Harp plus imprécise ou même Grey-Black-Green, au point de se permettre, en bel hommage, de conclure la sérénade, tout comme John Fahey sur Days Have Gone By, avec un ''We Would Be Building'' magnifié. Désormais il faudra compter sur un Daniel Bachman et à une atmosphère qui tient autant de campagne que de spiritualité, lorsqu'il s'agira de parler d'American Primitive Music!

       Il est moins question de notes mais tout autant d'émotion avec Matthew Collings. Silence is a Rhythm Too... Pas question de le contredire sur ce qui sonne à la fois comme un manifeste et comme la correction de ce qui pouvait manquer à son (tout de même très bon) premier album pour en faire une expérience entièrement intense. Difficile de se faire aux tentatives pop, chantées, et l'ensemble prolixe en mal de texture, en connaissant le potentiel déballé avant ça par l'artiste en duo. Et ce qu'on peut dire c'est que la promesse est en tout point respectée! Les instruments s'écoutent et se laissent parler, et le silence s'invite au gré des crescendos d'orchestrations de cordes, converse avec les chuchotements bruitistes et les percussions électroniques. Post-classique, ambient, electro sensible au commencement, l'album verse peu à peu dans une angoisse aux touches darkjazz et une mélancolie dont la puissance atteint enfin les étincelles des collaborations avec Talvihorros et Dag Rosenqvist... mélancolie parfaite pour introduire celle du mois d'août.

       Deux blues différents entraînés par des pertes: un père pour Chris Weeks, un ami pour Stephen Tanner. En mal d'inspiration et cafardeux, chacun s'en remet au passé.

       Sous sa nouvelle casquette (CWM, pour Chris Weeks Music), Chris Weeks évoque le temps du tout analogique, lorsque les boites à rythme étaient vraiment des boites, ou lorsque DJ set ne rimait pas avec laptop. Il mêle avec talent nostalgie musicale et souvenirs d'une enfance bien lointaine, déroule une électro lo-fi sonnant comme les échos d'automates, cliquetants comme les pluies et autres fields des quelques plages ambient flottant entre chagrin et rêves d'évasion. Une belle synthèse entre le drone magnétique produit sous le nom de Chris Weeks et l'IDM de Kingbastard, un disque électronique de génie qui se boit comme du sirop, bien dispensé des jeux de pistes et des promos en ballon pour être un des meilleurs de l'année!

       Et on s'enfonce dans la dépression avec Stephen Tanner, en panne d'inspiration pour l'écriture d'un nouveau Harvey Milk. En résidence chez le chanteur et guitariste Creston Spiers, il traîne le deuil d'un de ses meilleurs amis, Jerry Fuchs, batteur de !!!, Turing Machine ou encore Maserati. Il se néglige, a perdu l'envie de se raser et de laver les joues, accumulant les fins de clope au coin du lavabo. C'est cet état d'esprit qui fera émerger un premier album solo des plus grandioses : il donne toujours dans le sludge/doom, mais dans une veine bien moins furieuse, dont la lourdeur et le rythme extrêmement ralenti en disent long sur sa tristesse. Itinéraire d'une vie plombée, passage en revue des épisodes marquants du musicien, de sa naissance prématurée le 17 août 1971 à aujourd'hui et l'accouchement douloureux de ce disque sombre, désolé et terrifiant, sans démanchés, sans accélérations... mais aussi extrêmement épique, cinématographique et accrocheur, au son si gras et jouissif que n'importe qui d'un poil musicien et amateur de rock rêverait d'avoir à la maison!

       Effectivement un bel été!

Riton

Orange Co. Serenade en trois mots : spirituel, technique, envoûtant

Silence Is A Rhythm Too en trois mots : mélancolique, angoissant, étincelant

Flashback Blues en trois mots : nostalgique, magnétique, cafardeux

Things Haven't Gone Well en trois mots : dépressif, doooooom, cinématographique

Écouter (et voir) un extrait d'Orange Co. Serenade : http://vimeo.com/92197907

Écouter en partie Silence Is A Rhythm Too : http://matthewcollings.bandcamp.com/album/silence-is-a-rhythm-too

Écouter en entier Flashback Blues : http://chrisweeksmusic.com/album/flashback-blues

Écouter un extrait de Things Haven't Gone Well : https://soundcloud.com/thrilljockey/music-blues-91771

Si vous aimez ces albums, vous aimerez peut-être :

  • Apparitions At The Kenmore Plantation, SACRED HARP, Autoproduction, 2010 / Grey-Black-Green, DANIEL BACHMAN, Debacle, 2011 : Premier album avec l'alias Sacred Harp et premier sous son propre nom (séparé d'un seul album, Feast Of The Green Corn)... Daniel Bachman y est bien moins précis, plus drone, lo-fi et psychédélique, mais déjà très prenant.

  • Luck In The Valley, JACK ROSE, Thrill Jockey, 2010 : Album posthume sorti un an après la disparition du musicien et référence en terme de country envoûtante, partagée entre tradition américaine et inspiration orientales. L'artwork est de plus signé par Daniel Bachman!

  • Splintered Instruments, MATTHEW COLLINGS, Fluid Audio, 2013 / Wonderland, MATTHEW COLLINGS & DAG ROSENQVIST, Hibernate, 2012 : A vouloir en mettre trop et notamment d'inclure du chant à sa musique, Matthew Collings n'aura pas réussi à me satisfaire entièrement sur ce Splintered Instruments, qui pourtant regorge de beaux moments. L'année d'avant, sa collaboration avec Dag Rosenqvist aura au contraire offert une magnifique odyssée anxyogène à deux guitares (et tas d'autres instruments bruitistes), littéralement fascinante!

  • The Lost Cosmonaut, CHRIS WEEKS, Odd John, 2013 / Subspace, KINGBASTARD, Odd John, 2013 : Drone spatiale, errance solitaire, et IDM rétro-futuriste... deux autres albums brillants de Chris Weeks, tous deux sortis chez Odd John.

  • My Love Is Higher Than Your Assessment Of What My Love Could Be, HARVEY MILK, Yesha Inc., 1994 : Hey oui ! Un disque qui a 20 ans aujourd'hui, sorti alors que le groupe n'était encore qu'un duo. Stephen Tanner était déjà de la partie, avec Creston Spears et Pauly Trudeau (qui quittera le groupe par la suite), et Harvey faisait un sludge noisy de catacombe, sombre, désespéré, qui ne manquait pas de se faire rock'n'roll et aventureux. Terriblement génial!

jeudi 21 août 2014

Jamais deux sans trois / Juin 2014


Pélieu, LUFDBF, Autoproduction



Six Pélieu sous terre : les beaux mots de l'auteur vont si bien au duo...



Taramae, MELODIUM, Autoproduction



Dans les songes électroniques de Laurent Girard, on ne regarde plus le renard passer...



Through The Looking-Glass, Phantom Orchard Ensemble, Tzadik



Contes gothiques pour grands enfants perturbés...


mardi 5 août 2014

Want, WRECK AND REFERENCE, Flenser / Gamel, OOIOO, Thrill Jockey / Juin 2014




       Bienvenue dans ma contradiction! Coincé entre le j'en-foutisme sportif et l'élan patriotique, entre l'agressivité et les envies festives, voilà comment j'occupais mon mois de juin. « Allez la France!! ». « Pendant ce temps là le pire des drames au monde n'a plus le droit à l'écran! ». Danser, chanter, ou tout envoyer chier ?... les couleurs de OOIOO ou le metal hors-normes de Wreck & Reference ?... Désolé mais ma cohérence montre enfin ses limites!

       Bien efficace justement ce Want pour qui veut se frotter les oreilles au verre pilé ! Violent mais surtout, avec Mamaleek, Botanist (tous deux également chez Flenser), Terra Tenebrosa, Locrian, Horseback, le catalogue de Throatruiner, et j'en passe parmi ce qui se fait de plus excitant en terme de musiques extrêmes aujourd'hui. Visqueux, malsain et inconfortable atypisme dans lequel nous plonge Ignat Frege et Felix Skinner... le liquide sombre et hostile du bain de No Youth (2012) a eu le temps de bien macérer. Tout était déjà très bon, même excellent, et le temps et les douches n'auront pas eu raison du son particulier imprégné jusqu'aux os. A peine remis de la trêve de deux ans qu'un coup sec derrière la nuque, sans crescendo introductif, nous envoie faire un tour au musée du cadavre. L'odeur couplée aux conditions estivales incommode.

       Peut-être l'écoute du dernier OOIOO, Gamel, est plus appropriée. Au souvenir du passé les polyrythmies endiablées du groupe de l'ex-batteuse des Boredoms Yoshimi P-We, le tropi-kraut aux chœurs déchaînés du -moins froid que son nom- Taïga, les fantaisies rêveuses et perchées de Gold & Green, ou bien le math-noise tribal d'Armonico Hewa , semblent de suite bien plus de saison. Gamel, en référence non pas à l'écuelle du chien mais aux ensembles instrumentaux de Bali et Java. Et pourtant du chien, cet album en a ! Un peu de bonheur dans la joie, les sens en aboie, métallophones et percussions imposent le climat de fête. On imagine clairement tout sourire le melting pot de chorégraphies traditionnelles et d'extravagances contemporaines. Les jams ethno-bruitistes de la rencontre assomment littéralement.

       Du côté de Wreck And Reference, la rage se calme un peu en compagnie du piano (''Apollo Beneath The Whip'') et se mue progressivement en mélancolie. De la violence le duo fait mine de s'engouffrer dans un post-metal savoureusement désespéré (un ''Bankrupt'' rappelant Isis) pour masquer une fois de plus sa singularité de duo improbable sans basse ni guitare... usant en réalité hors-conventions de ficelles allant du black à l'indus en passant par le doom et le noise-rock. Beaucoup pour une simple config' batterie-synthé mais le résultat est si remarquable, capable de prendre aux tripes après les avoir réduites en bouilli de terreur. Sous couvert d'être moins massif sur le papier que la moyenne, les américains s'efforcent de remplir l'espace en redoublant d'une intensité qu'ils nous font boire au verre.

       L'intensité n'est pas non plus en reste avec Gamel. Une régularité impressionnante au service d'une atmosphère des plus religieuses... prisonniers de l'écoute, les japonais nous apportent la transe mystique sur un plateau d'argent... et la véritable essence d'OOIOO, moins pour alimenter les jambes, les bras et le bassin, que ce qui doit finalement signifier cet amour des oiseaux sur (comme ici) un grand nombre de leurs pochettes : élever l'esprit.

       Les changements d'humeur et le lunatisme musicale ont vraisemblablement leur utilité! Voici deux albums qui dans ma discothèque de 2014 auront une place de millésime pour l'un, et d'objet sacré pour l'autre.

Riton

Want en trois mots : intense, désespéré, singulier

Gamel en trois mots : intense, mystique, ensoleillé

Écouter Want sur bandcamp : http://theflenser.bandcamp.com/album/want

Écouter un extrait de Gamel : https://soundcloud.com/thrilljockey/ooioo-atatawa

Si vous aimez ces albums vous aimerez peut-être :

  • No Youth, WRECK AND REFERENCE, Flenser, 2012 : Totalement épique et (sur)prenant, à mi-chemin entre noise, black et ambient, ce premier album du duo américain ! En plus de montrer qu'il n'y a pas besoin de trois guitares 7 cordes quand on fait du metal pour en mettre plein la tronche dans les moments les plus énervés...

  • KurdaitchaMAMALEEK, Enemies List Home Recordings, 2011 : Du black metal lo-fi sur le label de Giles Corey, cela ne peut-être que génial. Et en effet, un mélange de rage et de désespoir plutôt grandiose. Pas étonnant de voir le groupe débarquer sur Flenser pour son nouvel album en juillet.

  • Taïga, OOIOO, Thrill Jockey, 2006Tous les albums sont bons, ou presque, mais celui-ci est particulièrement excellent, et dans bien des points, notamment dans le mysticisme et l'utilisation des instruments (les tropiques en plus), proche de Gamel.

mercredi 2 juillet 2014

Jamais deux sans trois / Mai 2014


To Be Kind, SWANS, Mute




Meilleur album des Swans, comme tous les autres...

Ecouter l'album : http://zumic.com/music-videos/86524/kind-swans-official-full-album-stream/


Andrey, FUJI KURETA, Nikita Digital




Le monument le plus secret d'Instanbul durcit son trip-hop...



Do What They Say, JOHN E CAB, I Had A Accident




J'ai encore eu un accident, une collision avec le rap brillant de John E Cab...

jeudi 26 juin 2014

Bildungsroman, NOW WAKES THE SEA, Mini50 Records / Valley, VAIIEY, I Had An Accident / Mai 2014




       Pour le mois de mai, deux albums particulièrement touchants, et à l'instar de leurs artworks respectifs, extrêmement dépouillés. Encore une preuve (ou plutôt deux) qu'il ne faut pas grand chose pour émouvoir : expérimentations lo-fi à tendance pop ou poésie folk minimaliste.

       Né en solo à l'initiative d' Alan McCormack afin d'assouvir ses envies de cassettes bruitistes, de folk bricolée, d'ambient psychédélique et de résonances lo-fi, Now Wakes The Sea est aujourd'hui un groupe. Passer d'un à trois musiciens n'a semble-t-il pas altéré le bon goût ni l'ambition de départ. Pourtant ce qui frappe dans Bildungsroman (que l'on connaisse ou non le groupe) c'est que tout semble bien pop à première écoute, bien plus construit et formaté que ce que le papier annonce (une liste de tags aussi longue qu'une file d'attente au Cora de Villeneuve d'Ascq à l'ouverture des soldes...). Pop, oui, c'est indéniable, mais quand se réveille la mer, elle agite ses secrets.

       Ça commence comme de simples et néanmoins belles compositions de psych-pop artisanale comme l'on en trouverait chez Elephant 6 (l'empreinte 60's et la folie en moins), une basse bien présente appuyée par une batterie discrète, approximative, une guitare légèrement fuzzée et une voix nonchalante… mais comme le gang américain (dont on retrouve ce mois-ci les rescapés de Circulatory System, sans rides supplémentaires, pour un nouvel album) aux multiples ressources, les écossais ne tardent pas à soulever le kilt. Sous l'innocence se cache une sensibilité à hérisser le poil des plus imberbes, où les refrains prennent rapidement l'allure de balades écorchées (''Scottish Blood Reversal''). Celles-ci finissent par s'imposer... la folk acoustique de ''Forest Fires'' plombe l'ambiance et relève le niveau d'émotion, qui ne fera désormais qu'augmenter. Cela n'empêche pas le potentiel noisy de refaire surface ( loin d'être surprenant, entre la brève introduction ambient de ''Cuckoo My Love'' et des petites touches shoegaze...) avec la transition drone de ''Pictures Stay The Same'', rappelant les boucles d'Hot Cygnet Tape en 2012, et de s'inviter jusqu'à la fin, fondu dans la mélancolie que le magnifique et lo-fi au plus haut point ''No Breath'' clôture merveilleusement... et c'est effectivement sans souffle, et celui de la bande au creux de l'oreille, que l'on termine ce disque.

       Ce souffle on le reprendra très vite avec VallEY tant les musiciens du duo ont avec ce projet considérablement aéré leurs musiques. On y retrouve bien le côté martial et percussif cher au beatmaker FRKSE, spécialiste des textures noise et industrielles, ainsi que l'univers folk du rappeur James P Honey. Mais fidèles à l'ouverture qu'on leur connaît et l'imprévisibilité d'I Had An Accident, tout cela prend une tournure aussi inattendue que sublime. Derrière les collines la douceur prend le pas... le minimalisme et la répétition dominent : les instrus allégées au maximum de l'habitué du label (un self titled en 2010 et Scholar Drugs en 2012) et de sa nébuleuse, accompagne le phrasé de l'artiste emblématique du regretté Decorative Stamp (l'énorme Murmur Breeze, aux côtés du français AbSUrd, et A Band Of Buriers) Et l'on progresse lentement dans un décor où se mêlent terre de rêveries poétiques et ciel brumeux habité. Plus l'on s'enfonce moins on distingue le chemin, hypnotisé... peu importe que ce soit si court, puisque la marche en vaut clairement le détour. Loin des attentes le charme opère à 100 %, la semelle des tympans jamais assez usée après la réécoute, réclamant au contraire, espérons-le, matière supplémentaire!

Riton

Bildungsroman en trois mots : pop, sensible, artisanal

VAllEY en trois mots : minimaliste, sublime, inattendu



Si vous aimez ces album vous aimerez peut-être :

  • Fluotexine Morning, NOW WAKES THE SEA, 2012, Autoproduction / You Are An Atlas, NOW WAKE THE SEA, Autoproduction, 2012 : Premiers albums avec Alan McCormack pour seul maître à bord, une bedroom folk particulièrement sale et aventureuse, où le drone n'est jamais bien loin. Beaucoup plus brute que Bildungsroman, en toute logique.

  • FilthA BAND OF BURIERS, Decorative Stamp, 2012 : James P Honey a bien ralenti le flow après l'excellent Foreshore Reverie de Murmur Breeze (qu'on ne conseillera jamais assez). Il rappe encore mais chante aussi, pour un disque plus boisé, acoustique, empli de cordes... une excellente folk alternative rappelant que la direction prise avec VAllEY est plutôt cohérente.

  • FRKSEFRKSE, I Had An Accident / Cooler Than Cucumbers, 2011 : Beatmaking sombre et expérimental pour celui qui, sous le nom de Rajbot, vient avant tout de le scène Hip Hop. On en retrouve les rythmiques, piégées dans l'inquiétude labyrinthique des drones, des bruits et d'atmosphères venues tout droit de l'imaginaire indien. Le suivant, Guilt Surveillance, est tout aussi terrible!

mardi 27 mai 2014

Jamais deux sans trois / Avril 2014


I Shall Die Here, THE BODY (+ THE HAXAN CLOAK), RVNG



(Christ, Reedeemers + Excavation ) ² , l'alliance la plus brutale et audacieuse depuis les chips aux huîtres...



Deep/Float, SAÅAD, Hands in the Dark




Les alpinistes du drone Romain Barbot et Greg Buffier nous laissent au pied du mur en atteignant le sommet...



Poisse, FANGE, Cold Dark Matter




Sournois, sale et vicieux : la chance de l'écouter, la poisse dans les oreilles...

lundi 26 mai 2014

The Dream in Captivity, CLIFF DWELLER, Patient Sounds / Syllepsis, MOTION, Wood & Wire / Avril 2014




       Il arrive parfois qu'un disque découvert trop tard soit aussi un disque trop bon. Il arrive aussi, coup de cœur aidant, que l'on se promette à tout prix de toucher un mot sur l'artiste, même un seul, à la moindre prochaine occasion. Et pourtant depuis la sortie de l'immense Emerald City en novembre 2012, je n'ai toujours pas parlé de Cliff Dweller, et en toute subjectivité de son caractère immanquable.

       Erreur désormais réparable avec The Dream In Captivity ! Différent, le rêve d'Ari Balouzian (ses multiples paysages, son folklore impressionniste, son Amérique étrange et fantasmée...) se retrouve enfermé, figé... l'inspiration éclectique (jazz, trip-hop, folk...) symptôme d'esprit bouillonnant, de liberté expansive et d'univers complexes se mue en un ambient plus resserré, faussement monolithique... Mais tout comme Cliff Dweller n'est pas une musique, mais des musiques, le rêve est multiple et sait l'exprimer. Dans ses accents les plus désespérés, le rêve se développe, se sépare... il est à tiroirs, à étages, il s'entrechoque, se mélange lui-même malgré l'enfermement. Il est comme le souvenir coincé dans le verre d'une boule à neige (à la différence qu'il n'est pas de ceux que l'on pose et laisse prendre la poussière) où les flocons s'activent sous les secousses. Cliff Dweller agite son rêve sous nos oreilles et nous laisse à la contemplation. Surgissent ainsi ça et là les éléments, les boucles, les fields, les orchestres (comme souvent on y retrouve Max Whipple au piano et à l'accordéon) et les bruits en tous genres... qui parfois s'éteignent et s'absentent... (on ne se souvient pas toujours de tout lorsque l'on rêve) puis reviennent... Tout cela se termine en un tumulte rock lo-fi écorché vif rythmé par les assauts du batteur James Levine. Le rêve brisé dans un fracas, la liberté reprend le dessus... le groupe semble annoncer qu'encore une fois la suite ne sera qu'imprévisible...

       S'il a fallu rectifier le tir, avec Cliff Dweller pas question de louper le coche avec le Syllepsis de Motion (et pour ça remercions Sb de Nova Express). Pas question en effet de laisser passer un album aussi bon que singulier, d'un groupe aussi aventureux qu'il ne m'était auparavant inconnu. On évitera de se flageller pour se caresser les oreilles!

       Direction Wood & Wire, le label australien à la pyramide! Le groupe reprend la charte triangulaire du catalogue pour son artwork, mais se veut musicalement bien plus fin et complexe que ses voisins, adeptes d'un bruitisme aussi abrupte que délectable (Black Pines, Regional Curse, Adam Cadell...). Leur truc à eux, c'est le jazz, qu'ils s'efforcent de revisiter depuis 2008 sous le prisme de l'expérimental improvisé. Ils détricotent et retricotent à leur manière avec la technicité irréprochable d'une équipe d'experts comptable fans de Coltrane... ajoutant sur cet album la fantaisie créatrice touche à tout de Kynan Tan, dont les assemblages électroniques marquaient déjà en 2011, dans une version remixée du premier album Presence, une volonté extrêmement forte de s'affranchir du simple statut de quatuor instrumental. Les bruits et les collages s'invitent à la rencontre de mélodies dessinées progressivement... par les pianos, les cuivres, qui s'égarent. Proche d'un Badun, par exemple, le détricotage est pourtant plus propre et limpide, nettement moins subversif... juste une belle pièce de jazz avant-gardiste, en cinq actes de tension : comme le jazz déstructuré de Two, parfait exercice d'équilibriste entre technique pédante et harmonies magnétiques... ou la plus belle démonstration de sensibilité, presque post-rock, de la conclusion Five...

       Vous l'aurez compris, deux disques trop bons découverts à temps, dans une chronique publiée en retard... deux disques surprenants, affranchis de toutes contraintes et surtout d'eux-même... amen!

Riton

The Dream in Captivity en trois mots : onirique, magnétique, imprévisible

Syllepsis en trois mots : magnétique, sensible, affranchi



Si vous aimez ces albums, vous aimerez peut-être :

  • Emerald CityCLIFF DWELLER, Autoproduction, 2012 : Avec The Dream In Captivity, l'Album avec un grand A de Cliff Dweller : mélange de contes fantastiques et d'Amérique des diligences... un peu comme si l'on faisait un crossover entre Twin Peaks et Carnivale (Carnivale étant mine de rien déjà très lynchien)

  • PresenceMOTION, Listen/Hear Collective, 2010 / Re : Presence – Motion Remixed, MOTION, Listen/Hear Collective, 2012 : Le premier album de Motion et sa version remix (par Shoeb Ahmad, Giorgio Magnasensi et Kynan Tan, le tout masterisé par le fameux Taylor Dupree) : transition radicale entre un quatuor jazz agréable, ni plus ni moins, et sa transformation expérimentale.

  • The Drowned World, MOTION, Listen/Hear Collective, 2012 : Un album plus darkjazz déjà presque aussi renversant que Syllepsis. Le groupe tient ses promesses d'expérimentateur aventureux.

mardi 15 avril 2014

Jamais deux sans trois / Mars 2014


Au sens large du terme, THE ONE BURNED MA, Autoproduction


Furieux mélange d'harsh noise et de rock, au sens large du terme...



It's not Jazz, It's Blues, DAGGERS, Throatruiner Records


Ce n'est pas du jazz, mais ce n'est pas du blues non plus! Juste cinq gros doigts belges en pleine tronche...



The Pink Caves, FENSTER, Morr Music


Fenster, Acte II : les grottes roses. Gisements de pop fouillée et grandiose...

dimanche 13 avril 2014

The Little Match Girl, HYDRAS DREAM, Denovali / Debut Ep, ORME, BLWBCK / Mars 2014




       Elle avait tant de mal, la petite fille aux allumettes, à parcourir les rues et à braver le froid. Elle préférait souffrir, quitte à laisser la vie, plutôt que de rentrer et supporter les coups...

       Rien de bien étonnant à voir Anna Von Hausswolf et Matti Bye s'emparer du texte d'Andersen pour le mettre en musique... par filiation géographique, et culturelle, certes... mais aussi parce qu'à force d'accoutumer sa pop en grandes pompes aux accents funèbres, pour l'une, et d'acharner ses talents vers les bandes originales, pour l'autre, il était évident qu'une telle histoire de l'auteur danois du XIXème irait à merveille au duo.

       On sent d'ailleurs tout de suite pour elle une très forte passion, un attachement certain qui confine au sublime. L'écriture est scénaristique, chaque temps fort possède son morceau, minutieux agencement répétitif d'ambient electronique glaciale, post-classique réservé et dream pop. C'est la dernière soirée de l'année et les premières notes sonnent dans la mélancolie (avec une introduction qu'on croirait sortie du Ceremony d'Anna Von Hausswolf...). Tout est voué au désespoir pour l'enfant gelée tiraillée par le climat... les superpositions de voix susurrées (bien loin du maniérisme à la Kate Bush auquel la chanteuse nous a habitué) évoquent les respirations plaintives d'une errance douloureuse. Privée de pantoufles qui ne lui seyaient guère et de clients pour son produit, elle doit être si triste, au milieu des nappes de synthés et des orchestrations sombres. Au contraire tout s'éclaire, à la lueur des allumettes. Il faut bien ça pour se réchauffer. La voix devient plus claire bien que toujours noyée sous les effets. L'atmosphère se fait de plus en plus féerique, au son de cordes joyeuses et de tintements brillants. La petite fille devine les joies des fêtes au delà des maisons et revoit sa grand-mère... Elle sombre, gelée, et la rejoint au ciel... pas de sang, pas d'agonie... le bleu du corps tenant pour état de grâce, un réconfort que la musique, paisible, semble conclure en disant « ce n'est que le début pour cette enfant ».

       En d'autres lieux le garçon au bonnet d'âne a tout l'air de rêver lui aussi... tout comme les membres d'Orme auquel il est lié. Plus connus pour faire grand bruit (avec Sed Non Satia, Ancre, Yoshi Tonku ou Plebeian Grandstand, le plus radical du lot ayant sorti ce mois-ci un nouvel album littéralement renversant...), les musiciens toulousains ont rangé les distorsions et la violence au profit d'apparats acoustiques. Ici ce n'est plus la maîtrise technique qui prime (bien qu'on la sente irréprochable), mais une réelle sensibilité. Le garçon voit plus loin que les murs qui l'entourent... La folk progressive à fleur de peau du quatuor suggère plus que jamais le voyage : le lyrisme envoûtant des accords de guitare et de violoncelle, plus qu'exotiques au milieu des sorties drone et ambient du catalogue de BLWBCK, de plus en plus ouvert (l'electro de Sima Kim le mois dernier, la folk de Jens Boosten en 2013...), et la mandoline, le bouzouki, qui nous propulsent vers les contrées d'Europe de l'est. Elle suggère également, en seulement quatre morceaux, les plus belles promesses pour une suite que l'on espère imminente.

       Allumettes, bonnet d'âne... ici en quelque sorte objets de poésie dans le quotidien, comme peut l'être la musique dans bien des cas et comme le souligne brillamment Hydras Dream et Orme à travers leurs histoire... l'exercice étant qui plus est éminemment moderne, en témoigne aussi les exemples récents... chez Mute, l'inspiration puisée chez les frères Grimm du Ministry Of Wolves (Mick Harvey, Alexander Hacke, Danielle de Piccioto et Paul Wallfisch), ou mieux encore, la belle rétrospective du musée d'Orsay consacré à Gustave Doré « L'imaginaire au pouvoir » et son incroyable force picturale d'illustrations littéraires (entre autres), sombres, tragiques et inquiétantes, de Perrault à Cervantès... Probablement en cela qu'il faudra en 2014 conter sur le disque et la cassette respectifs de nos deux groupes.

Riton

The Little Match Girl en trois mots : rêveur, sombre, mélancolique

Debut en trois mots : rêveur, nomade, folklorique

Écouter un extrait de The Little Match Girl : https://www.youtube.com/watch?v=QGrB6AI_EnM

Écouter l'EP d'Orme : http://orme.bandcamp.com/album/debut

Si vous aimez ces albums, vous aimerez peut-être :

  • CeremonyANNA VON HAUSSWOLF, Kning Disk, 2012 : Passé la surprise de la voix (on aime ou on aime pas... et à porter des t-shirts Burzum l'artiste ne semble de toute façon pas en clin à ne se faire que des amis), la musique d'Anna Von Hausswolf est tout bonnement prenante... pour le peu que l'on apprécie le songwriting tortueux, noir (la cérémonie semble être un enterrement), et surtout extrêmement théâtral.

  • Elephant CastleMATTI BYE, MARTINA HOOGLAND IVANOW, MATTIAS OLSON, Kning Disk, ??? : Visite d'un parc d'attraction abandonné, une atmosphère pour enfants depuis longtemps désertée... glaçant!

  • River ArmsBALMORHEA, Western Vinyl, 2008 : S'il est un groupe dont Orme paraît très proche, c'est bien Balmorhea, dont les voyages acoustiques (de plus en plus post-rock) n'auront jamais été aussi poignants que sur les premiers albums.

jeudi 13 mars 2014

Jamais deux sans trois / Février 2014


Piano Nights, BOHREN & DER CLUB OF GORE, PIAS


Le dark jazz à l'allemande, dans son plus beau tricot...

Ecouter entièrement sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=aVnLon8TvXk


Mima, PETRELS, Denovali


Histoires drone dans Space Mountain...

Ecouter un extrait  sur bandcamp : http://petrels.bandcamp.com/album/mima-2


Odham's Standard, ORIGAMIBIRO, Denovali


Post-classique, fantômes et fields : Tom Hill et Andy Tytherleigh se plient en quatre pour Denovali...

mercredi 12 mars 2014

Oksastus, PAN SONIC, Kvitnu / Apex Ideals, HOBO CUBES, Debacle / Février 2014




            Oksastus et Apex Ideals : un ultime et un premier album... pas vraiment ma p'tite dame! Live posthume pour Pan Sonic... rappelons à ceux qui comme moi auraient cru l'espace d'une seconde à la réformation, que le véritable dernier album du duo finlandais est bien l'excellent Gravitoni (2010). Premier vrai long format pour Hobo Cubes, après un certain nombre de splits (Panabrite, Lee Noble, Derek Rogers pour les plus connus...) de cassettes, de CD-R et de sorties en tout genres chez divers labels notables (le sien, Hobo Cult, mais aussi Opal Tapes, Orange Milk, NNA Tapes, Constellation Tatsu, Digitalis...).

            Pan Sonic n'est plus et Hobo Cubes était déjà. Un constat suffisamment confus pour illustrer le climat... celui de deux disques littéralement physiques. Les introductions sont massives, puissantes. Mika Vaino et Ilpo Vaisanen mettent leur public à l'épreuve sous les synthés distordus pendant que Francesco De Gallo souhaite la bienvenue par un déluge de beats contondants. L'angoisse prend dans les deux sens, la peur de suffoquer grandit... seulement il va falloir tenir... jusqu’à la dernière seconde. Chacun à leur manière ces disques nous forcent lentement  à côtoyer le malaise.

            Climat de guerre froide en avance à Kiev lors de ce show de Pan Sonic enregistré en 2009! La violence du spectacle semble tout à fait glaciale, rugueuse et minimale. On imagine aisément l’audience immobile, pétrifiée et captivée par ce groupe dingue qui ne s’embarrasse peu de détails : murs de sons, larsens, bruits blancs associés rigoureusement aux rythmiques de l’indus… carrés jusque dans les titres, reprenant simplement leur durée d’exécution. On imagine très bien aussi l’austérité d’interaction entre la scène et la fosse, comme le laisse suggérer le mixage (aucun applaudissement, aucune réaction, la musique uniquement…). On sait très bien depuis le départ que Pan Sonic n’est pas là pour nous soigner mais plutôt pour nous prendre en otage pendant de longues minutes, surtout depuis les ''234:48:4'' de Kesto en 2004 (à côté la petite d’Oksastus pourrait presque paraitre facile… il arrive néanmoins à rendre un long trajet en bus après avoir mangé un chili encore bien plus inconfortable), mais aussi depuis leur annonce de rupture anéantissant alors tout espoir de les (re)voir un jour.

Pour Hobo Cubes la suite est nettement plus légère. La brutalité initiale est délogée par les fracas de la pluie, de la faune et des échos caverneux (''Fluidity''). Les rythmiques rampantes donnent un aspect psyché, mystique, prolongé par une série de percussions tribales (''Infatuation''). Progressivement cette nature quelque peu dérangeante verse dans des sonorités plus ambient et aériennes, encore secouée par instants… elle inquiète, tétanise et embrume…

Deux orfèvreries anxiogènes! Oksastus, nouvelle célébration du décès de Pan Sonic, et Apex Ideals, signature d’un renouveau, découverte du sommet, pour Hobo Cubes ! A couper le souffle, liquéfier les oreilles et stopper l’encre!

Riton

Oksastus en trois mots : massif, rigoureux, anxiogène

Apex Ideals en trois mots : mystique, inquiétant, anxiogène

Ecouter Oksastus : sur youtube

Ecouter Apex Ideals : sur le bandcamp de Debacle

Si vous aimez ces albums, vous aimerez peut-être :

         Katodivaihe/Cathodephase, PAN SONIC, Black First Petite, 2007 / Gravitoni, PAN SONIC, Black First Petite, 2010 : Deux bons gros bifteak de Pan Sonic!  A l’image de ‘’Leikkuri’’ ou de « Tugboat » sur Katodivaihe/Cathodephase ou de « Corona », introduction sur Gravitoni, le duo se montre complétement massif et dévastateur, sans négliger la nuance et la texture, il se fait parfois ambient quand il n’est pas furieux… mais pas sensible pour un sou, n’exagérons rien!

         Kilo, MIKA VAINO, Black First Petite, 2013 : Kilo, c’est du lourd ! Après avoir fait cette blague on ne peut décemment plus vraiment dire grand-chose… à part que des dernières sorties du musicien c’est probablement celle qui se rapproche le plus du travail de Pan Sonic. Mention tout de même au Konstellaatio de début d’année, de son projet Ø, au Through A Pre-Memory d’ÄÄNIPÄÄ avec Stephen O’Malley de Sunn O))) ) mais aussi et surtout le fracassant, sombre et pervers Monstrance sorti en fin d’année dernière aux cotés de Joachim Nordwall.

         Strangers, HOBO CUBES, Hobo Cult, ???? / Evolution of A Time Delayed, HOBO CUBES, Hobo Cult, 2014 : Qu’on se le dise, Apex Ideals élève Hobo Cubes au cran du dessus au point qu’il est difficile de le comparer avec le reste de sa discographie… néanmoins ces deux albums sortent réellement du lot, Evolution of A Time Delayed notamment, probablement le plus beau des albums pré-Apex Ideals… un ambient mélancolique à l’aura bleutée, sauvage et paisible à la fois, en 24 phases aussi courtes qu’intéressantes.