Y'a comme un air d'extrème violence dans le calendrier. Décembre est le mois des
tops annuels mais n'en est pas moins un mois de l'année. Certains
s'empressent de balancer leurs hectolitres de soupe sans surprises
pendant que d'autres, injustement oubliés, continuent à produire...
les pitch-o-gum et autres rejetons de NME, plus occupés à se
défricher le nombril qu'à prendre des risques pendant que l'agenda
se poursuit : pourquoi aller jusqu'au bout quand on a déjà une
idée bien précise?!
A quoi bon s'intéresser
à l'excellent My
Drums Cover A Multitude of Sins
de Boomruin/BMRN (sorti le 17 décembre sur I Had An Accident) quand
on peut mettre en avant l'horrible Kanye West? A quoi bon parler de
James Reindeer et de son très
bon album
sorti
le 9 décembre quand on peut entretenir le plébiscite écœurant des
Daft Punk? A quoi bon laisser une chance à Troum,
Tsone
ou Arktor
alors qu'il y a Arcade Fire? Hip-hop ambient aux abstractions hantées
ou jazzy, electro spatiale, aspirations drone massives ou feutrées,
contre amas insubstantiel... Pourquoi fouiller dans les rayons quand
il y a les têtes de gondoles?
Ainsi peu
de risques de tomber sur le nouveau Badun, un peu comme sur le DVD
d'un film slovaque (ou plutôt danois dans le cas présent) perdu
dans les étals entre un Jet Li et un Paul Walker. Plus facile de
s'exciter sur l'insipide Burial ou sur Beyonce, pourtant aussi sortis
très tard, que sur l’œuvre atypique du duo d'Århus :
impétueux et casse-cou dans leur façon de faire du jazz, libérés
et uniques dans leur approche de l'IDM, assurément trop aventureux
pour être fréquentables! Oliver Duckert et Aske Krammer abordent
les deux genres comme personne et différemment sur chaque disque.
Des click & cuts nerveux habituels, il n'en reste pas grand chose
sur Shadow
Case... pas
plus que de l'once de groove insufflée aux départs, sur
l’étonnemment très funk éponyme (2007) et l'electronica douce de
Last
Night Sleep
(2009), partiellement consumée dès s.o.t.s
(2012) par les velléités chaotiques et une chape sombre et vicieuse
de plus en plus envahissante. Plus très sexy exact! Plus très
Erykah Badun, exposant leur part d'ombre comme jamais! Ils se font
chantres de l'angoisse, d'une pesanteur malsaine guidée par un
orchestre en perdition. Les instruments fourmillent par notes
éparses, comme apeurés par l'atmosphère qu'ils ont eux-mêmes
installé. Fuyant, tremblant... l'on passe successivement de longues
plages de temps suspendu à de purs moments d'affolements : déjà
mal en point, tout se termine en brasier de bruits blancs et
d'oscillations à leur apogée agressive. Littéralement répulsif et
cauchemardesque, pourquoi se faire autant de mal?
Allez trêve
d'ironie! Saluons juste la liberté et l'audace, quitte à poursuivre
les pieds de nez par une sortie au 30 décembre... quitte à s'en
foutre, tant que ça prend aux tripes! Vivement le prochain!
Riton
Shadow
Case en
trois mots: ahurissant, pesant, angoissant
Écouter
l'album sur bandcamp :
http://not-applicable.bandcamp.com/album/shadow-case
Si
vous aimez cet album vous aimerez peut-être :
- s.o.t.s, BADUN, Schematic, 2012 : Découvert sur le tard, s.o.t.s est probablement un de mes albums préférés de musiques électroniques. Beaucoup moins mutique que Shadow Case mais aussi tourmenté, avec ce petit plus de beats destructurés et épileptiques qui en font un disque exaltant, en plus d'angoissant.
- Mindset, THE NECKS, Fish of Milk, 2011 : Le plus chaotique dans la discographie bien fournie du trio expérimental australien... Une dose de bruitisme glaçant, froid comme le carrelage d'une salle de bain, associé à leur jazz atypique, ambient, minimaliste, en guise de 17ème album ! Le 18ème, un disque fleuve d'un seul morceau d'une heure passée comme ils ont l'habitude de le faire, est malheureusement presque passé inaperçu en 2013.