mardi 19 novembre 2013

Stars are our Home, BLACK HEARTED BROTHER, Slumberland Records, Octobre 2013 (Par Gagoun)



       Pas mal ce p'tit groupe... En voilà un qui passera certainement inaperçu au milieu de ce foisonnant et passionnant mois d'octobre. Et pourtant derrière ce Black hearthed brother se cachent Neil Halstead et Rachel Goswell, soit deux membres incontournables des cultissimes Slowdive, Mark Van Hoen des warpiens Seefeel et le moins connu Nick Holton.

       Pas étonnant dès lors de retrouver au sein de ce premier album une myriade d'éléments éparses, parfois déroutants mais qui font sens une fois l'album digéré. Au programme, du shoegaze bien sûr, de la pop indie, de la dream pop et de l'électro. Alors il est vrai qu'ici tout n'est pas toujours parfait, l'électro n'est pas toujours d'un goût merveilleux, l'hymne fédérateur qu'est ''UFO'' débarque un peu comme un cheveu sur la soupe mais il y a aussi de petites perles qui restent en tête, surtout en début d'album (''This is how it feel'', ''Got your love'') et puis quelques morceaux plus pêchus (''My Baby just sailed away'') qui envoient du gros son. Si cet album ne révolutionnera pas le genre, il s’avérera être tout de même, et finalement à ma grande surprise, un bon compagnon du quotidien, du genre fidèle sans en avoir l'air.

       Alors oui, pour une fois, la semi réussite nuancée aura eu raison du coup de cœur béat d'admiration au sein de ce blog. Mais il est bon aussi parfois de critiquer... Comme ça... Gratuitement... Il est surtout bon, nécessaire même, d'évoquer l'actualité des grands de ce monde et Neil Halstead en fait clairement partie. L'âge d'or est passé mais le bonhomme se rappelle à notre bon souvenir, celui des années 90 (''(I Don't Mean To) Wonder''), pour le meilleur et pour le pire. Lui, au moins, ne fait pas semblant. Cet album, au moins, n'a pas la prétention d'être ce qu'il n'est pas, à savoir génial. Autrement dit Black hearthed brother n'est pas Arcade fire et c'est tant mieux!  

       Gagoun

Stars are our home en trois mots : nostalgique, dreamy, inégal

En écoute intégrale par ici: http://www.deezer.com/album/6961807

Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :

  • Palindrome HunchesNEIL HALSTEAD, Brushfire Records, 2012: Une carrière solo très discrète pour l'ancien Slowdive mais mimi tout plein. Exit les couches de guitares sursaturées remplissant l'espace et étouffant la pop. Fini les expérimentations noisy. Pas non plus d'électro à l'horizon. Les mélodies éclatent ici par leur simplicité. Neil Halstead propose une folk très classique dans sa forme et d'une naïveté absolument touchante dans son interprétation. Très bel album!

  • Dept. Of Disappearance, JASON LYTLE, Anti-Records, 2012 : Dans la catégorie pop/folk avec un zest d'électro, la palme revient à Jason Lytle. Un des meilleurs albums du genre de ces deux dernières années. C'est très simple ici, l'ex Granddaddy reprend les mêmes recettes qu'avec son défunt groupe et nous pond une petite merveille. Toujours cette voix à fleur de peau, ces mélodies mélancoliques voires graves mais toujours légères, presque enfantines. Un must!

The Window Wants the Bedroom, BIOSEXUAL, Debacle Records / Two Shadows, MIGRATIONS IN RUST, Octobre 2013 (Par Riton)




       Parlons encore d'artistes protéiformes, aux étiquettes de facto aussi longues que celles des manteaux d'hiver où les consignes de lavages figurent traduites en 36 langues, au name-dropping impossible, ceux-là même qui comme Cock & Swan (cf le mois dernier) donnent du fil à retordre à la critique. Il y a parmi ceux-là, des qui au delà des genres, par pur liberté, justifient à eux seuls l’appellation indé. Octobre nous en a offert deux parfaits exemples.

       D'un côté on a Zac Nelson, figure imposante de l'expérimental foutraque et immersif, tour à tour math-rockeur, "ambientiste", psychédélique... en groupe avec Robby Moncrief (Who's Your Favorite Son, God?), avec Zach Hill (Chll Pll) avec Kenseth Thibideau (Prints) ou en solo sous le nom d'Hexlove ou tout simplement Zac Nelson... capable au final à chaque sortie, et peu importe le style, de capter chez nous le même point hypnotique, que l'album du nom (The Same Hypnotic Point et ses répétitions chamaniques de percussions et d'ambient aérien) illustrait déjà en 2011 sur Debacle avec talent. Aujourd'hui il semble avoir définitivement fait du label une de ses adresses favorites, et agrandi la table pour partager le pain avec ses amis Michael RJ Saalman et Jocelyn Noir. Avec Biosexual (encore un nom à ne pas taper avec des moufles... encore que bien orthographié la magie d'internet et la forme de certains légumes suffirait à nous surprendre) l'atmosphère semble un peu plus policée, les ardeurs canalisées... en fait la pop d'avant-garde gorgée d'electronique qu'il en ressort est bien moins inoffensive et disciplinée qu'elle en a l'air. Des machines maîtrisées aux influences orientales ("Naked and Feeling It" et son r'n'b asiatisant, "Fun Boy", "It's Me" et ses samples de gong) et industrielles ("Silent Cuts", "Shine My Noon") découlent des harmonies complexes et des placements rythmiques improbables, qui font de The Window Wants the Bedroom un album sensuel, sexy, qui réveille chez nous le sourire ultra-bright, tandis qu'on devine sur le visage des musiciens le rictus pervers de celui qui rend accroc son public au premier shoot...

       De l'autre on a Jesse Allen, qui multiplie les projets comme Nabilla les apparitions au zapping : membre de Cathode Terror Secretion et de Cowards (auteur de l'excellentissime Forgotten Resonance) et en solo avec Hollow Seed ou encore Goldeater... fontaine à noise... autant de dégâts auditifs que la fameuse guerre mondiale de 78. Au milieu de tout ça Migrations in Rust se trouve être relativement plus doux. Les précieux bruits blancs laissés au coffre (ou presque) sont remplacés par de belles plages ambient spatiales, sur lesquelles vient se poser, dans Two Shadows, un groove nébuleux et lointain fait de pianos et d'envolées mélodiques frissonnantes, d'un r'n'b sous-régime croisé au doom (les poignants ''Two Shadows Cast'', ''Cradled Under Fern'', ''Behind My Skin''). Les trente courtes minutes semblent s’étendre à chaque écoute... et par instant nous échapper...immergés...

       N'allez pas voir dans ces deux albums une forme de repentance... plutôt deux pans de bruitisme décomplexé... et deux flairs imparables pour Debacle et NNA Tapes, suffisamment habitués des compositions radicales et des expérimentations scabreuses pour avoir l'audace de sortir d'aussi beaux albums.

Riton

The Window Wants the Bedroom en trois mots : sexy, souriant, addictif

Two Shadows en trois mots : poignant, spatial, immersif

Écouter l'album de Biosexual sur bandcamp : http://debaclerecords.bandcamp.com/album/the-window-wants-the-bedroom

Écouter un petit extrait de l'album de Migrations in Rust : https://soundcloud.com/nnatapes/nna065-a2/s-1SVA5

Si vous aimez ces albums vous aimerez peut-être :

  • Ripe HymnsMICHAEL RJ SAALMAN, Crash Symbols, 2013 : Si vous vous demandez d'où viennent ces affinités electro chez Biosexual, pas besoin d'aller plus loin, Michael RJ Saalman en est grandement responsable (en plus de Jocelyn Noir et de son projet Alak). Il sortait qui plus est un album solo le même mois, dans lequel on reconnaît bien leu son particulier de The Window Wants the Bedroom. En plus de ça Ripe Hymns est un album réellement charmant d'electronica foutraque et bien torché.

  •  The Veiled JewelMIGRATIONS IN RUST, Razors and Medicine, 2010 : Un disque de transition en quelque sorte... où les bruits blancs se permettent encore quelques sursauts, le groove ne se montre pas encore... mais la sensibilité du projet bien présente en fait indéniablement un très beau disque d'ambient contemplatif.