Je n'ai jamais joué au tiercé (je suis foncièrement contre les jeux d'argent...) mais j'aurais parié gros sur The Megaphonic Thrift s'ils avaient été un cheval... lorsque je les ai découverts, un peu au hasard de cyber-excursions, à la sortie de leur premier album Decay Decoy en 2010. Pourtant The Megaphonic Thrift avait tout de l'énième clone de Sonic Youth, à vue d'oeil (une demoiselle – mais qui ne s'appelle pas Kim – à la basse et des messieurs aux autres postes) et à "ouïe d'oreille" (un amour évident de gros son rock à la fois maitrisé et en roue libre). Malgré cela, j'en aurais mangé mon chapeau : ce groupe allait faire parler de lui dans les mois suivants.
Il aura quand même fallu attendre un peu plus d'un an pour commencer à entendre ne serait-ce que timidement discuter à propos du quartet norvégien dans nos contrées. Et c'est en première partie de Pinback, chez nos amis flamands, que la chose s'est produite : un show explosif contre toutes attentes en mesure de confirmer mes premières impressions et convaincre les quelques sceptiques saoulés de mon habituel prosélitisme ("si si, je t'assure ça va être bien!!")... un mur de grattes vintage larsenisantes (Fender Jazzmaster et Mustang... Rickenbacker... que de bon goût), noise rock, pop songs, shoegaze, crescendo en intensité, fleurtant même brièvement en final avec des rythmiques plus couillues de type blast beats, comme autant de réminiscences nordiques (Norvège, terre du black metal etc. etc. on connait la chanson... en même temps si on se rappelle bien Steve Shelley le faisait aussi avec Sonic Youth... le morceau "Theresa's Sound World" offrant un bel exemple). Une de mes plus grosses claques scéniques de 2011, en dehors de Pinback bien sûr!
Autant dire que pour ce deuxième album, je les attendais au tournant! Mais pas du genre ennemi prêt à dégainer du croche-pied au moindre faux pas... plutôt les bras ouverts, accueillant, ne laissant que très peu de place à la méfiance dès les premières notes de l'éponyme. Accorde ton esprit et laisse toi aller comme à l'âge d'or de l'indie rock US : il y a de quoi ici s'amuser comme un grand enfant, se déchainer à mimer les leads de guitare comme j'avais déjà pu le faire sur le magistral "Talk Like a Weed King" de Decay Decoy. La puissance live semble avoir laissé des traces indélébiles sur la production, aux petits oignons, plus hargneuse sans trop déborder, le juste dosage... Juste dosage également côté composition : joli numéro de funambule avec de part et d'autre de leur rock une volonté de faire du bruit et de belles choses.
Certes rien de nouveau mais certainement pas qu'une simple resucée de nineties! Au dela de leur spécificité géographique, The Megaphonic Thrift propose un son qui leur est propre et se permettent par la même occasion de dépoussièrer un genre pas si vieux mais relativement statique. En fait ils auraient carrément du s'appeler The Megaphonic Sweep!
Riton
The Megaphonic Thrift en trois mots : rock, noisy, accrocheur
Ecouter intégralement sur Deezer : http://www.deezer.com/fr/music/the-megaphonic-thrift/the-megaphonic-thrift-1498185
Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
- Decay Decoy, THE MEGAPHONIC THRIFT, Hype City Recordings, 2011 : Les premiers balbutiements électriques du groupe... un album détonnant contrastant avec le presqu'anonymat dans lequel il est sorti. Dès leurs débuts déjà bien prometteurs!
- Dirty, SONIC YOUTH, DGC, 1992 : Il ne fait jamais de mal de conseiller un classique. Dirty est un des albums noise-rock à posséder dans sa collection (avec un tas d'autres disques de Sonic Youth ou autres Jesus Lizard me direz-vous...), bon compromis entre crasse sonore et mélodie... assurémment une des influences de The Megaphonic Thrift. Rendons également hommage à Mike Kenney, artiste "responsable" de la pochette désormais culte, décédé le 31 janvier dernier.
- Robot World, BAILTER SPACE, Flying Nun Records/Matador, 1993 : Must have dans le genre mur de son noisy, éthéré et mélancolique. Un classique de l'indie néo-zélandais (Flying Nun inside!) et de l'indie en général et sûrement leur meilleur album!
- Aesthetics, MARIBEL, Oslo Grammofon, 2009 : C'est également norvégien, un poil plus sombre et orienté dream-pop mais clairement de la même école que The Megaphonic Thrift. Le hasard faisant bien les choses, ils viennent à peine de ressortir un nouvel album (en début du mois semble t-il), intitulé Reveries. Pour tout avouer je ne connaissais pas du tout ce groupe avant d'écrire cette chronique... sympathique découverte!
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