lundi 1 juillet 2013

Return To Annihilation, LOCRIAN, Relapse Records, Juin 2013 (Par Gagoun)



       Allez hop hop, on change un peu de son. Une fois n'est pas coutume, il s'agit là de parler d'un trio venu tout droit de Chicago et qui a enregistré ce nouvel album au fameux Electrical Audio Studios. Sauf que là, point de maître Albini et rien à voir avec Jesus Lizard, Slint et autres Shellac. L'enregistrement est assuré ici par Greg Norman ce qui peut vous donner une indication du ton de l'album puisque celui-ci à déjà œuvrer pour Pelican ou Russian Circles. Car Locrian est bien un groupe de metal.

       De leur doom/ambient originel, il ne reste cependant plus que ces drones et surtout cette voix hurlée et lointaine qui sonne comme une menace sous-jacente au développement de la luminosité relative à l'instrumentation. Si la lourdeur est toujours de mise tant la batterie écrase quand elle se décide enfin à se lancer, Return ton annihilation se veut beaucoup moins dissonant, lent et malsain que ces prédécesseurs  Plus nuancé aussi... De la noise oui mais aussi beaucoup de mélodies épiques pleines d'espoir et superbement inspirées, des percussions qui galopent parfois, groovent lentement d'autres fois, des passages plus aérés et ambient ou encore des textures sonores enveloppantes, quelques claviers et guitares acoustiques, vous l'aurez compris on nage ici dans un post rock musclé, un metal qui expérimente et franchit les frontières de ses propres codes.

       D'ailleurs si chicagoan se dit beaucoup influencé par le rock progressif des années 70. Si les influences proclamées de Yes ou Genesis me paraissent moins évidentes, celles de Pink Floyd et surtout King Crimson sont assez prégnantes et c'est une bonne chose. Ici pas de constructions rythmiques et mélodiques virtuoses, d'influences free jazz, juste un goût pour les sons de ce bon vieux moog, pour une progression lente et épique, un certain penchant pour l'expérimentation et les albums conceptuels, narratifs. Le dernier morceau, "Obsolete Elegies" est aussi le sommet absolu de cet opus, emprunt d'une mélodie prenante, entraînante sur une rythmique lourde avant de s'éteindre dans un magma sonore statique, presque paralysant. Puis dans un dernier souffle, le morceau repart avec force et puissance pour l'assaut final de ce disque. D'une efficacité redoutable! Il y a quelque chose du géant "Starless" de King Crimson là dedans.

       Magnifique voyage que ce Return to annihilation au final. Sans révolutionner le genre, Locrian nous livre ici une oeuvre de toute beauté, une surprise à laquelle on ne s'attendait pas forcément et qui mérite bien un petit coup de projecteur dans nos pages. Comme un contre-point à la musique proposée ce mois-ci par Riton, en juillet vous en aurez pour tous les goûts et pour toutes les humeurs.

Gagoun

Return to annihilation en trois mots : épique, lourd, progressif

Ecouter l'album de Locrian sur leur bandcamp: http://locrian.bandcamp.com/album/return-to-annihilation

Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :

  • The Clearing & The Final Epoch, Locrian, Relapse Records, 2012 : Plus crade, noisy et noir, cet album reflète l'autre facette de Locrian. Déjà cet opus transcendait les genres du métal mais était aussi beaucoup plus ancré dans ce dernier avec son doom à toute épreuve et ses passages black metal saisissants.

  • Make All The Hell Of Dark Metal Bright , KWAIDAN, Bathetic Records, 2013 : Décidément, voici un label à l'honneur ce mois-ci. L'autre projet d'André Foisy, leader de Locrian donc, se veut dans la même veine que ce que peut produire le groupe chicagoan. Des ambitions doomesques et post rock, presque à la manière d'un Barn Owl, Kwaidan met cependant l'accent sur les drones, les ambiances hallucinées, presque psychédéliques plutôt que les percussions, minimalistes ici. Dark!

  • Black CurtainJODIS, Hydra head Records, 2012 : pour finir, on ouvre l'horizon vers le doom majestueux de Jodis. Derrière ce nom se cache Aaron Turner, leader d'Isis qui nous prouve ici quelle magnifique voix claire il a. Cet album est une ode à la lenteur et au silence. Le groove destructuré, lent et au fond du temps de Tim Wyskida, par ailleurs batteur de Khanate, hypnotise et berce. Il accompagne superbement la fin d'une époque puisque c'est le dernier album à sortir sur Hydra Head, qui fermera ses portes à l'issue de ce chant du cygne... Quelle fin!

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