La rentrée et
son lot de bonnes surprises... Pendant que les pauvres petits
écoliers retrouvent les livres et les bancs de l'école, les
amateurs de musique que nous sommes déballent leurs cadeaux de noël
en avance : les nombreuses sorties qui ont patiemment attendu l'été
que les enfants et les grands enfants aient finis de partir s'amuser
loin de leur disquaire favori, leur webzine préféré, leur chaine
hi fi, leur radio cassette (si! si!) leur platine vinyle, leur
gramophone (pour les très très grands enfants !), débarquent
en masse dans la musicosphère. Alors ce mois ci il y avait du choix,
vraiment. Le monstre immersif que représente le dark jazz de Dale
Cooper Quartet and The Dictaphones, les réminiscences 90's de
Monsieur Justin Broadrick et son projet Jesu... J'en passe, beaucoup
même...
Car le
sujet de cette chronique est tout ailleurs. Il est à chercher du
côté du décidément excellent label français Hands in The Dark
Records, déjà responsable de bon nombre de tueries cette année
dont vous pourrez trouver quelques exemples dans ces pages. Je pense
à Mayerling parmi d'autres. Ici il est question de basse, d'une
bonne grosse basse vrombissante dont les lignes hypnotiques restent
dans la tête des heures durant. Ici il est question d'une batterie
métronomique, répétitive mais incroyablement humaine et
chaleureuse, avec ses aspérités et son groove implacable. Ici il
est question de psychédélisme, de murs de sons, de guitares
distordues, de claviers aux motifs simples et entêtants. Ici on est
chez l'anglais Demian
Castellanos et son projet The Oscillation dont voici le troisième
album. Vous l'aurez compris, on parle un peu de krautrock, un peu de
rock garage et de beaucoup de rock psychédélique, celui de Syd
Barrett et consorts.
From Tomorrow est
donc une belle surprise, de celles qui savent faire du neuf avec du
vieux, autrement dit à créer un son nouveau à partir d'influences
assumées et digérées. Mieux, The Oscillation se démarque
clairement de cette mode du rock psychédélique à tendance
krautrock et ''fuzz qui tue'' par un vrai talent de composition, un
feeling hors du commun et une capacité à créer mais aussi se
diversifier au sein d'une même entité cohérente. Pas de linéarité
ici. Alors oui le groupe fait bien partie de la même scène que
Wooden Shjips, Moon Duo et autres White Hills mais il ne représente
finalement que lui même.
La première partie, du
dyptique ''Corridor'' à ''The Descent'', est presque entièrement
instrumentale. Passé l'introduction chantée, espèce de blues trip
qui pose les bases du genre, l'hypnose s'insinue dans notre cerveau,
emmenée par la basse répétitive, les quelques notes de clavier,
les vagues de drones et toujours cette batterie ample et entêtante.
Dub? Qui a dit dub? Vient ensuite ''No place to go'', sorte de claque
qui vient nous réveiller de cette léthargie dans laquelle le groupe
avait pourtant pris un malin plaisir à nous installer. Le tempo
s'accélère, le riff de guitare appuie sur notre tête engourdie, ça
envoie du lourd, dans une énergie presque punk mais on est toujours
en plein trip. Homogène, je vous dis. Le reste c'est un peu ''les
montagnes russes de l'émotion''. Moins linéaire, la deuxième
partie est tout aussi passionnante grâce à des morceaux comme ''All
you want to be'', peut-être le meilleur moment de l'album, qui donne
envie de se taper la tête contre le mur d'en face, mais avec bonheur
bien sûr. La fin de l'album nous propose même quelques accalmies :
''Dreams burn down'' est une chanson lente et dénuée de
percussions, comme si Radiohead avait pris le chemin vaporeux de la
dream pop après Ok Computer plutôt que celui de l'électro.
Impensable dans n'importe quel autre groupe du genre mais pourtant
tellement évident à l'écoute. Enfin tout grand disque se doit
d'avoir un grand morceau en guise de clôture. The Oscillation ne
déroge pas à la règle, ''Out of touch'' est une superbe ballade,
pleine de psychédélisme et un peu bancale, comme on les aime. Cette
fois-ci c'est le clavier qui prend la belle part avec sa mélodie
fantomatique mais toujours hypnotisante. Le morceau final se veut
tout en retenue et vient éteindre doucement, comme dans un rêve, un
voyage riche, tortueux mais naturel entamé il y a trente cinq
minutes en temps terrestre, bien plus en temps ''The Oscillation''.
Finalement le
groupe de Demian Castellanos nous propose là son œuvre la plus
construite, la plus concise aussi. L'équilibre est parfait entre
longs jams entêtants et musique écrite, compositions chantées,
entre transe hallucinatoire répétitive et exutoire primaire propre
au rock. Ainsi se termine cette chronique mais pas forcément le
voyage... Avis aux amateurs ! Un long road trip aux sonorités
psychédéliques vous attend... Place au podcast ! Parce que la
musique vaut souvent mieux qu'un long discours...
Gagoun
From
tomorrow en trois mots : entêtant, psychédélique, rock'n roll
En
écoute intégrale par ici:
http://theoscillation.bandcamp.com/releases
Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
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- Veils, THE OSCILLATION, All time low productions, 2011 : Deuxième album absolument impressionnant du groupe anglais. Si From tomorrow marque par sa maîtrise et le son qu'il arrive à créer comme une entité nouvelle, Veils est, au contraire, une œuvre dont les influences sont plus explicites mais dont le contenu est aussi totalement débridé, hors format. Certainement moins facile d'accès que son successeur, il peut s'avérer tout aussi jouissif une fois que l'on s'est donné la peine d'y jeter une oreille.
- Chaudelande volume 2, GNOD, Tamed Records, 2012: Encore un album fleuve, celui-ci est complètement jusqu'au-boutiste dans sa volonté d'hypnotiser, pour ne pas dire d'assommer l'auditeur par la répétition. En seulement trois morceaux allant de dix à quinze minutes chacun, le groupe anglais propose ici, comme c'est le cas dans toute leur longue discographie d'ailleurs, une ode à la noirceur en musique. C'est crade, lo-fi, dronesque, cosmique et trippant, un vrai bon défouloir! Bon allez cette fois-ci j'arrête vraiment de causer, place à la musique!
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