Janvier 2014… Rassurez-vous on ne
bougera que très peu, on reste chez les danois, avec Patrick Rasmussen (bien
qu'il vive en fait à Berlin)! Ménageons-nous boudiou!! Alourdis par les excès
successifs, des repas à rallonge aux parts de frangipane huileuses, de la
chandeleur aux gueules d’un bois (pour les plus téméraires) plus épais que
celui touché pour arriver en vain à tenir ses résolutions… les périodes fin
d’année-début d’année peuvent s’avérer facilement fatales lorsqu’il s’agit de
faire des efforts… freiné par les membres engourdis et la tête embrumée…
C’est dans cet esprit que commence d’ailleurs
Moksha, bien proche du lieu où nous étions
avec Badun pour Shadow Case. L’atmosphère
est tortueuse, flottante et incertaine, l’album d’entrée inquiète autant qu’il
attire. A cette heure impossible de savoir où l’on va être emmené… sans savoir
si l’on se relèvera facilement de cette plongée dans le coton. Pourtant les
percussions sourdes, hésitantes, et les disfonctionnements électroniques, se
voient rapidement accompagnées de la voix, élégante et soul, plus que jamais,
plus soul que l’oncle Ben à son propre mariage, et plus encore qu’auparavant
(dans ses albums solos et autres participations, notamment sa remarquable
apparition auprès d’Apparat dans Walls en
…)… Il faut attendre un ''True Love Will Find You In
The End'' méconnaissable et surprenant, à des années-lumière de son original, avant de
finalement bercer dans la grâce et voir un peu de lumière. Enorme pont entre
les deux versions, entre le minimalisme folk lo-fi de Daniel Johnston et les
accents dubstep glaçants du danois, et tour de force magistral : pas
seulement celui de l’originalité (qui ne peut que rappeler l’énorme reprise de ''Where Is My
Mind'' des Pixies sur Realtime
Voyeur en 1999) mais surtout celui d’en conserver l’essence, l’émotion…
En véritable pierre angulaire la
reprise emboite le pas vers bien d’autres moments touchants. ''Two Young
Mates'' et son ascension electronica shoegaze se prolonge en douceur avec
le presque ovalien ''Beiji Flora'', en portugais (il n’aurait pas effectivement
pas dépareillé au milieu des excursions
sud-américaines, peut-être un peu plus abruptes, de Markus Pop). Et l’on
replonge dans le rêve ensuite avec le morceau titre, un rêve d’ambient, de
glitch, de voix lointaines, et plus profondément encore avec l’intense Light, final de pur raffinement,
progression jazz et sombre, sept minutes passées de parfait résumé de l’œuvre :
le résultat de 13 ans d’attente, le passage des ballades acoustiques sensibles
de The Last Legend à un tel bijou de
sophistication!
Wooo! Ça fait du bien de commencer
de si bon pied! Au vu de ce qu’annonce déjà le calendrier on devrait encore
bien se régaler, fa f’est fûr!
Riton
Moksha en trois mots : élégant, intense,
complexe
Ecouter
l’album sur Deezer (ou pendant des heures) : http://www.deezer.com/album/7185010
Si
vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
- · II, RAZ OHARA AND THE ODD ORCHESTRA, Get Physical, 2009 : Deuxième album de la collaboration Rasmussen/Oliver Doerell (Dictaphone et Swod) et son projet Odd Orchestra. Un plaisir pour les oreilles, un régal de soul électronique, de jazz croisé aux arrangements acoustiques soignés (orchestre de cordes, guitares folk)… de belles prémices plus enjouées et policés à ce que Moksha donne aujourd’hui… quoique la fin du disque se transforme pas mal en odyssée mystique
- · Walls, APPARAT, Shitkatapult, 2007 : Retrouvez la voix de Raz Ohara sur les excellents ''Holdon'' et ''Headup'' ajoutés aux talents de composition d’Apparat!
- · Voa / Calidostopia, OVAL, Autoproduction, 2013 : Le maître du glitch Markus Popp accompagnée d’une rimbambelle de musiciens d’Amérique du sud… ça donne quelque chose d’extrêmement aventureux, brillant, complet et somme toute sensible!
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