C'est dingue le nombre de jeunes musiciens squattant très tôt les bancs du rock indé ces derniers temps aux Etats-Unis. A croire que la musique y est servie au biberon et que l'environnement est favorable à toutes sortes de prédispositions créatives. Si 2010 a eu son lot de talents avec entre autres en tête de liste Wavves, Best Coast ou encore Avi Buffalo, 2011 débute sur les chapeaux de roues avec Dye It Blonde, deuxième album des chicagoans de Smith Westerns fraîchement sorti chez Fat Possum (drôle de nom pour un label, mais à la vue du catalogue l'animal est plutôt de bon goût).
Résolument tourné vers les années 60 et moins Lo-fi que son prédécesseur, cet album mériterait déjà d'être classé parmi les références en matière de pop du nouveau millénaire. Parce qu'au fond, à quoi reconnait-on un véritable bon album de pop? Je ne pense pas avoir les clés de l'énigme mais quelque chose me dit que la joyeuse bande à Cullen Omori, d'à peine 20 ans de moyenne d'âge, en possède quelques trousseaux.
D'aspect général enjoué, l'album enchaîne les tubes de façon presque déconcertante. En effet, s'il y a un bien une caractéristique frappante à chaque écoute, c'est la relative cohérence de l'ensemble; comme-ci les morceaux avaient été composés dans l'ordre que nous connaissons. Ajoutons à cela que chacun d'eux est une véritable bombe de mélodies, rappelant les meilleures heures du groupe T-Rex. La voix de Cullen Omori se rapproche d'ailleurs étrangement de celle de Marc Bolan, légèrement plus douce et nonchalante, comme-ci ce dernier était revenu plus de trente ans après pour parler des filles et des douleurs adolescentes. Les guitares, chantantes, tantôt claires, tantôt fuzzy, arrivent à leur sommet lors de solos particulièrement intenses ("Still New", "Imagine Pt. 3", "Fallen In Love"). Le tout est servi par une production parfaite, chaleureuse, une production vintage des années 2010, sentant les lampes à plein nez.
En résumé, Dye It Blonde est un album à la T-Rex, en moins glam et plus juvénile, en moins pailleté mais tout aussi accrocheur. On imagine des répétitions à l'arrière d'un van, des clins d'oeil échangés avec une cheerleader, des concerts privés lors de soirées étudiantes... Après écoute, on le réécoute, encore et encore, et l'on se surprend à chanter au réveil, sous la douche, en voiture...
Voilà de quoi répondre à la question initialement posée : Dye It Blonde devrait ravir les amateurs de pop indé mélomanes. On souhaite vivement à Smith Westerns de continuer ainsi. Et si ce vent de jeunesse apporté à la scène indé pouvait faire encore plus d'émules de cette qualité, je m'engagerais personnellement à fournir les dispenses aux proviseurs... parce que, qu'on se le dise, qu'est-ce c'est bon!
Riton
Dye It Blonde en trois mots : frais, pop, jubilatoire
Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
- The Slider, T-REX, Fat Possum, 1972 : 7ème album de la bande à Marc Bolan (et 3ème sous le nom de T-Rex), un classique du genre, fraîchement réédité par Fat Possum...étrange non? Rock On!
- Crazy For You, BEST COAST, Wichita Recordings, 2010 : si les Smith Westerns avaient été californiens, il ne fait nul doute qu'ils auraient parlé plage, amours et soleil... c'est ce que fait la belle Bethany Constantino (j'aurais très bien pu dire "magnifique" ou "tout à fait à mon goût") avec son acolyte Bobb Bruno dans cet album. Une surf-pop rêveuse de haute volée.
- King Of The Beach, WAVVES, Fat Possum, 2010 : le pendant masculin et poilu de Best coast, plus agressif, plus énergique... le nom de l'album annonce la couleur : les Wavves sont les Beach Boys d'aujourd'hui.
- Avi Buffalo, AVI BUFFALO, Sub Pop, 2010 : premier album et directement chez Sub Pop... ce n'est pas étonnant tellement la filiation avec les Shins est facile. Probablement mon plus gros coup de coeur indie-pop de l'année 2010. En un mot : beau!
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