samedi 2 juillet 2011

Unknown Mortal Orchestra, UNKNOWN MORTAL ORCHESTRA, Fat Possum, Juin 2011 (Par Riton)



       Portland...Aaaah...Portland! A peine quittée que cette ville revient au galop. Ne me prenez surtout pas pour un monomaniaque (bon, si un peu quand même...) mais cette ville exerce sur moi une attraction hors du commun. Le fait est que le premier album des portlandais d'Unknown Mortal Orchestra (UMO pour les intimes) est une petite tuerie et que passer à côté aurait été l'hérésie du siècle (ou du moins l'une des hérésies du siècle, après le slap et le visual kei... oui j'aime me faire des amis). Derrière ce nom énigmatique et à rallonge se cache Ruban Nielson, néo-zélandais exilé aux Etats-Unis et ancien membre des très bons Mint Chicks. Je dis bien "se cache", car le groupe communique beaucoup plus sur sa musique que sur son line-up et trouver des informations relève d'un véritable jeu de piste virtuel. Le hasard faisant bien les choses, la Nouvelle-Zélande est également un de mes berceaux fétiches en matière de création musicale rock, la scène de Dunedin et le label Flying Nun Records en tête.

       De l'eau a coulé sous les ponts depuis le split des Mint Chicks et Ruban Nielson passe d'une pop énergique saupoudrée de noise rock et de punk à une psych-pop lo-fi groovante à souhait et inédite. Inédite... tant la musique d'Unknown Mortal Orchestra sonne fraiche et pimpante, sortie de nulle part ou du moins échappée du gloubi boulga d'influences des scènes dans lesquelles Ruban Nielson a posé le pied. Une basse ronde, très ronde, épaulée par une rythmique implacable (le monsieur derrière les fûts a mangé un métronome... tartiné de feeling), une guitare inventive et un chant légèrement saturé à l'unisson (Ruban Nielson et son instrument donnent l'impression de ne faire qu'un)... tels sont les ingrédients de ce petit bijou. Rares sont les albums de ce genre capables de faire autant bouger la tête... et d'encourager en prime de petites parties de air music en solitaire que l'on se surprend à executer, casque vissé sur les oreillles, volume élévé... Pensez à "How Can U Luv Me" et sa ligne de basse dantesque à faire frémir le bassin, aux solos de guitare de "Ffunny Ffrends" et "Thought Ballune" et aux fabuleuses et presques sexuelles descentes de toms de "Jello and Juggernauts". Comme pour parfaire la découverte, le groupe cloture par le très Elephant-sixien "Boy Witch" (on croirait presque entendre les Olivia Tremor Control ou les Sunshine Fix) et offre un atterrissage en douceur aux 29 minutes et neuf morceaux de l'album.

       Quoi? Seulement 29 minutes? Oui, cela a été ma première réaction... la réticence du premier regard, frustration initiale de n'avoir sous la main qu'un simple EP... mais il n'en est évidemment rien : les tubes s’enchaînent sans l'once d'une déception et se terminent chaque fois par l'incommensurable plaisir d'avoir atteint le coït suprême, le petit frisson d'après match donnant l'envie de recommencer.

       Jusqu'alors inconnu, cet orchestre peut se targuer d'avoir sorti un premier album véritablement mortel, un disque à écouter sans cesse avec la touche repeat enfoncée... Alors? Heureuse?


Riton

Unknown Mortal Orchestra en trois mots : inédit, frais, jouissif


Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être : 

  • Family PortraitFAMILY PORTRAIT, Underwater Peoples, 2011 : Court de 29 minutes, cet album d'un des derniers élèves de l'école Julian Lynch souffre également du syndrome de l'EP mais n'en démérite pas non plus. Bien au contraire, il présente ici un mélange d'indie rock rêveur, aérien et légèrement groovy, bien appréciable... suffisamment pour être remarqué et sortir de son presque-anonymat. Prometteur!

  • Orange You GladJULIAN LYNCH, Old English Spelling Bee, 2009 : Probablement un des meilleurs albums de ce maître du shoegaze/ambient lo-fi et bancal... musique planante et grosse basse au programme!

  • Black Foliage : Animation Music Volume 1, OLIVIA TREMOR CONTROL, The Blue Rose Records Company, 1999 : si je devais établir un top 50 des meilleurs albums indie, cet album ferait surement partie des dix premiers... Olivia Tremor Control, c'est l'incarnation parfaite du collectif Elephant 6, la ville d'Athens (aux Etats-Unis, pas en Grèce) à sa plus grande forme : un des groupes pop les plus dérangés de sa génération... les Beach boys sous acide, les Beatles en syncope... le tout en mode lo-fi... tout simplement parfait!

  • Age Of The SunTHE SUNSHINE FIX, Emperor Norton, 2002 : The Sunshine Fix, projet solo de Bill Doss d'Olivia Tremor Control, n'est pas le groupe le plus connu du collectif Elephant 6 mais n'en est pas moins excellent. Age Of The Sun est en fait indispensable : idéal pour les réveils en douceur et les couchers de soleil.

2 commentaires:

  1. Je rajouterais le reggaeton à la liste des hérésies ! (je ne connaissais pas le slap d'ailleurs)

    Sympa sinon l'album et sa chronique, ce petit côté lo-fi qui sent la chaleur perçant le pare-brise sali par la poussières d'une Chevrolet, lancée à fond sur la 66.

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