Connaissez-vous le
rapport entre Asian Dub Fondation, Shamen, Carter the Unstoppable Sex
Machine, Bentley Rhythm Ace, Utah Saints, Stereo MC's, Sunscreem et
Bomb the Bass? Personne? Oui? Non? ... Et bien tous ces groupes sont
britanniques! Reste à savoir pourquoi l'américain Jim Donadio, plus
connu sous le nom de Prostitutes, a fait le choix de les mentionner
en titres (dans cet ordre là) de son nouvel album. Encore que sa
musique, et plus que jamais avec le récent Crushed Interior (et
son artwork en friches) sorti aussi chez Digitalis, évoque
rapidement la froideur et la grisaille historique d'outre-manche.
Sauf qu'ici rien à voir... autant dans les groupes cités que dans
la lumière renvoyée par The Afternoon Exchange, en contraste total
avec la rugosité et le mécanisme de ses aspirations originelles. Au
moment où pour ma part j'aurais le plus tendance à me rapprocher
des machines (les climatiseurs avant tout!) que de la nature
étouffante, écrasée sous le poids du soleil (on est du Nord ou on
ne l'est pas! Je veux bien comprendre qu'on puisse aimer le beau
temps mais de là à être aussi trempé en permanence qu'en temps de
pluie y'a des limites...) Jim Donadio profite de l'été pour se
mettre dans le bain et faire une courte pause dans ses activités.
Mais s'il cesse un temps de donner corps et âme (et surtout corps) à
l'electro-noise indus il n'est pas du genre à vendre ses fesses pour
suivre la tendance.
Ici il
n'est question que de relever la tête, se rapprocher de l'organique
comme pour aller au centre-aéré. On est encore loin d'enfiler le
maillot mais on se repose. On se repose et on rêve, au départ d'une
longue plage monolithique (qu'on aurait pas pensé un jour associée
à un groupe comme Asian Dub Fondation...) rapidement immersive. Ce
ne sont pas les différentes oscillations de synthés qui vont
perturber les compositions... et encore moins la basse, étonnamment
très présente (on se souvient à juste titre de son intervention
dans Psychedelic Black, sur l'excellent ''Flipped Pieces of
Coin''), qui repart comme elle vient et l'inverse. Malgré cela les
notes sont discrètes, le son est timide, moins ample que sur les
productions drone habituelles. C'est la chaleur ressentie d'un espace
confiné, cotonneux, d'un ambient psyché à la sauce bedrock. On
sent un certain confort dans la moiteur et l'esprit peu à peu
s'évapore... sans pour autant partir très loin, comme semblent nous
le rappeler, tout comme la basse, les guitares auxquelles on se
raccroche sur ''Sunscreem'' et ''Bomb The Bass''. On a beau rêver on
ne traverse que très rarement le plafond de la pièce (pratique pour
qui comme moi prendraient facilement des coups de soleil à
Charleroi).
Une bien belle ballade
entre éther et terre!! (ou la frontière ténu s'exprime
visuellement entre kitsch estival et inconnu troublant... à un
détail près la pochette d'un single pour cours de Zumba). Un seul
regret : que ça ne soit pas assez long! Un avantage tout de même :
c'est rapide à réécouter... alors qu'est-ce qu'on attend?!
Riton
The
Afternoon Exchange en trois mots : ensoleillé, rêveur, psyché
Écouter
sur le bandcamp (plutôt fourni) de Digitalis :
http://digitalisrecordings.bandcamp.com/album/the-afternoon-exchange
Si
vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
- Psychedelic Black, PROSTITUTES, Stabudown, 2012 : La face B antithétique parfaite pour The Afternoon Exchange, sortie un an plus tôt : une dose de psychédélisme sombre et froid (c'est un peu écrit dessus en même temps) qui finit par nous absorber, à coup d'electro minimaliste et légèrement sale.
- Of Psalms, DATE PALMS, Root Strata, 2010 : Et si on mettait le nez dehors ? Il fait encore plus étouffant avec Gregg Kowalsky et Marielle Jakobsons mais leur ambient psyché aux extraits naturels de paysages arides est pour ainsi dire très prenant. Peu importe la température, il y a les guitares de l'un et le violon de l'autre, doublé du talent de chacun... ça en fait des raisons de rester cramer au soleil.
Très bon ça, merci !
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