Mai
est un grand mois (et pas seulement parce que je l'écris avec un M),
celui de l'embarras du choix, d'un point de vue musical celui du
quantitatif et du qualitatif, mais également celui du déchirement,
du dilemme... car c'est pour moi, de mémoire de chroniqueur, une des
toutes premières fois dans la jeune histoire de ce blog, que mes
oreilles et mes doigts sur le clavier d'ordinateur, soient tiraillés
à ce point... pris sur le fait d'une obligation de choix entre deux
artistes : la femme et l'amante. Sauf qu'ici la femme est un homme,
sombre et discret folkeux lo-fi, à mon sens de génie... Nous en
avons traversé, Phil, des épreuves... toi depuis tes premières
sorties en groupe, puis en solo... moi depuis mes premières écoutes,
puis les suivantes, et encore celles d'après... ensemble d'un bout à
l'autre de ta musique. Alors forcément, Clear Moon, constitue
ce mois-ci un renouveau jouissif pour un fan de Mount Eerie, forcé
de se contenter depuis 2009 d'écoutes régulières et
quasi-rituelles (le soir, tard, la nuit...) de l'excellent Wind's
Poem, entrecoupées du reste de
la discographie (No Flashlight,
Lost Wisdom et j'en
passe...). Mais tu sais, Phil, la passion musicale parfois est comme
la vie d'un vieux couple, la flamme est toujours là mais on se
connait déjà trop... à tel point que face à un album sans fautes,
un brin novateur mais pas surprenant, la moindre petite étincelle
extérieure pouvait vite se transformer en excitation adolescente.
Rachel Evans, mon étincelle de mai, co-pilote du groupe Quiet Evenings (avec Grant, son mari) officie ici seule sous le nom de Motion Sickness of Time Travel... projet résumable sous l'appelation (et néologisme maison) ambient-(dr)one-woman-band, qui va généralement de paire avec un stakhanovisme discographique extrahumain. Et c'est peu dire s'agissant d'elle, comme l'atteste son bandcamp, permettant d'écouter gratuitement l'ensemble de ses enregistrements sortis depuis l'hiver 2008.
Rachel Evans, mon étincelle de mai, co-pilote du groupe Quiet Evenings (avec Grant, son mari) officie ici seule sous le nom de Motion Sickness of Time Travel... projet résumable sous l'appelation (et néologisme maison) ambient-(dr)one-woman-band, qui va généralement de paire avec un stakhanovisme discographique extrahumain. Et c'est peu dire s'agissant d'elle, comme l'atteste son bandcamp, permettant d'écouter gratuitement l'ensemble de ses enregistrements sortis depuis l'hiver 2008.
Artistiquement la jolie brune à lunettes au charme geek, semble se démarquer de ses petites camarades (la plupart du temps portées essentiellement sur la guitare et les pedalboards bien remplis) par un culte tout particulier voué aux machines, mentionnées et mises en évidence dans les crédits : "effects, electronics, Max/MSP, Synthetisers (Dave Smith Mopho, Korg Microkorg, Spacesynth, Kaossilator)"... et choisit d'en tirer tout le confort qu'ils puissent apporter, oublier le côté rugueux (et néanmoins intéressant, lorsque bien utilisé), couvrir cet amas de potards, de câbles, d'oscillateurs, d'un écrin de ouate confectionné sur mesure. Ses compositions électroniques, agrémentées pour cet album de curieux instruments ("Lap Harp, "Zithe") et de quelques bribes vocaux, ont toujours été d'une grande intensité, mais ne nous ont jamais transporté aussi loin... ici le voyage est à la fois plus immersif et plus complexe mais il ne s'agit pas d'un voyage géographique, ni spatial, mais plutôt temporel... un temps suspendu duquel émerge différentes couleurs, différentes textures (à l'image du spectre en liseré bordant les deux 15'' du package, déclinaison du logo de Spectrum Spools, sous-label des Editions Mego géré par John Elliot d'Emeralds, et sur lequel cet album éponyme est sorti). On est tenté par moments de se raccrocher à des éléments plus terriens, jusqu'à finalement s'abandonner entièrement à l'univers de la musicienne. On pourra tout de même trouver ses repères visuels par le biais du remarquable travail d'illustration de l'artiste Juli Elin Toro, à mi-chemin entre sculpture organique et collages abstraits colorés.
Quatre ans après la naissance de son projet, Rachel Evans présente enfin un album-somme qui lui sied comme une pantoufle de vair, la parfaite synthèse d'un univers qui prend le temps de s'installer, qui prend le temps de s'apprécier... A noter pour finir la participation de l'éminent Lawrence English au mastering (pour la version vinyle), qu'on retrouve également en ce mois de mai, au même poste, sur le premier et excellent album du français Witxes... à écouter de toute urgence, à la suite de ce Motion Sickness of Time Travel.
Riton
Motion
Sickness of Time Travel en trois mots : immersif, rêveur,
voyageur
Ecouter
en entier sur Deezer :
http://www.deezer.com/fr/music/motion-sickness-of-time-travel/motion-sickness-of-time-travel-1720491
Si
vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
- Luminaries & Synatry, MOTION SICKNESS OF TIME TRAVEL, Digitalis Recordings, 2011 : L'une des pierres angulaires de la discographie de Rachel Evans, avec Seeping Through the Veil of The Unconscious (que je conseillais lors de la chronique de Birds of Passage & Leonardo Rosado). Comme son nom l'indique, un album résolument lumineux... une vraie beauté électronique.
- They Came Up From The Hills and Down From the Sound, MOTION SICKNESS OF TIME TRAVEL, Autoproduction, 2007 : Un des premiers (si pas LE premier) faits d'arme sous le nom Motion Sickness of Time Travel... déjà relativement proche de son univers actuel, cet enregistrement fait office de petite douceur, avec en guise de dessert la preuve que la musicienne a une très jolie voix, dans une registre plus jazzy (le morceau bonus "Caterpillar Tree Song")!
- Transcending Spheres, QUIET EVENINGS, Preservation, 2011 : Grant Evans et ses guitares + l'électronique de Rachel Evans... la preuve que l'ambient/drone est une affaire de passion (ce serait le moment idéal, là, maintenant, d'y aller de ma petite annonce...). Un album contemplatif qui retranscrit bien l'intimité dans laquelle il a été enregistré.
- The Capital, SEAN McCANN, Aguirre Records, 2011 : Collages déstructurés de drone, d'électro et d'éléments néo-classique (le monsieur est violoniste) pour une immersion totalement psychédélique... voici ce qui fait, pour résumer grossièrement, la musique de Sean McCann, dans la tête duquel il doit se passer bien des choses.
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