Micachu, attaque
éclair!! Au delà de l'affligeante évidence de cette blague (mais
avouez que ça vous fait rire!! allez, juste un peu!!), on ne peut
qu'être d'accord sur le fait que l'artiste a dû un jour recevoir un
sacré coup de jus, mettre les doigts dans la prise, embrasser un
paratonnerre en pleine zone d'orages.... ou tout simplement aiguiser
son goût pour la loufoquerie au berceau. En tout cas si elle est
principale maître à bord de son projet (ou du moins, en formant The
Shapes, accompagnée du batteur Marc Pell et de la claviériste Raisa
Khan), elle n'est décidément pas seule dans sa tête : un véritable
monde décalé, univers pastiche hilarant, peuplé d'on ne sait
quoi... mais peuplé... traduit en musique à l'aide d'une
pop-électro-punk-lo-fi un brin expérimentale, une pop faites de
bruits familiers où la dissonance sert de mélodie et inversement.
On comprend tout de suite que le fameux Matthew Herbert (connu pour
ses assemblages sonores pour le moins atypiques et ingénieux) aie eu
le coup de coeur et décidé de l'adouber dès ses premiers pas en la
signant sur Accidental Records et en produisant ensuite Jewellery
en 2009.
Trois ans
plus tard voici Never, imprimé rose sur papier toilette, qui
semble dire à tord "vite fait, bien torché". Bien torché,
à coup sûr, et aussi absorbant qu'un rouleau de Moltonel
("résistant et largement plus moelleux"), mais vite fait
sûrement pas! Ainsi même si Jewellery
portait déjà un sacré de pied dans la fourmilière avec son
contenu agité, probablement le plus agressif et rock jusqu'à
maintenant, ici Mica Levi, à la dégaine de punkette british
androgyne, enfile avec ses amis les doc' et continue à marcher dans
le sillage des sonorités testées en live avec le prestigieux London
Sinfonietta (Chopped & Screwed en
2011... en quelque sorte hachuré et ralenti, issu de techniques bien
connues du Djing). La musique sonne la plupart du temps comme celle
d'une vieille bande enregistrée usée et freinée par l'âge,
procurant à l'ensemble un brin de nostalgie ("Nothing",
avec Wesley Patrick Gonzales du groupe Let's Wrestle... ce groupe
lui-même nostalgique des années 90 si
bien décrit par la Blogothèque), une sorte de longue plongée
dans le vide ("Fall") au milieu de morceaux courts, aux
motifs parfois insipides, pesants, ("Heaven") mais
particulièrement entêtants. Ces miniatures de pop concrète ne
ramènent pas directement à des objets (bien que ci et à on puisse
en reconnaître... entre autres un aspirateur), mais à des textures,
des matériaux, des sensations, qui posent Mica Levi en véritable
virtuose de la débrouille, armée notamment de sa Chu, une guitare
préparée bien décidée à ne sortir que des martèlements métalliques et distordus, et de nombreux instruments insolites.
Et pour montrer
qu'elle n'est pas comme les autres, Micachu illustre cette fois en
intégralité les 14 morceaux de son album par une série de clip
vidéos colorés, aux décors animés type Point & Clic
d'aventure en flash (ou type plan de maison dessiné par des enfants
daltoniens) et des jeux d'acteurs et chorégraphies à faire pâlir Francis Huster et le cours Florent réunis. On y voit les musiciens
en grande forme revêtant leurs plus beaux habits du dimanche et une
poignée d'invités, notamment quelques uns de leurs amis fêtards,
Wesley Patrick Gonzales cité plus haut,
en travesti au maquillage putassier digne de la Divine de Glen
Milstead, ou encore un chien de race poney aussi charpenté que Loana
en 2012.
L'album
a beau s'appeler Never, ce serait un tord de ne l'avoir jamais
écouté. Encore que ça grille un peu les neurones... moi en tout
cas j'en garde un exemplaire dans mon pokedex dans ma discothèque!
Riton
Never
en trois mots : fou, foutraque, foufou
Ecouter
et regarder en intégralité :
http://www.youtube.com/watch?v=WixeZDjP2po&feature=bf_prev&list=PL5FCF8E26A1A4B2A4
(ça commence par "Easy" et ça s’enchaîne tout seul)
Si
vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
- Jewellery, MICACHU, Rough Trade, 2009 / Chopped & Screwed, MICACHU & THE SHAPES AND LONDON SINFONIETTA, Rough Trade, 2001 : D'un côté un premier album rentre-dedans et déjà très original, bordé de relans punk épileptiques, et de l'autre un album live qui changera la face des productions de Micachu. Indispensable pour les amateurs!
- Paper Television, THE BLOW, Tomlab, 2006 : Duo electro-pop composé de Jona Bechtolt (aka YACHT) et de Khaela Maricich, conjuguant esprit DIY et belles mélodies... à classer entre Postal Service, pour le songwriting électro de talent, Micachu, pour la folie, et une sorte de R'n'B de qualité.
- CuTe HoRSe CuT, GABLE, Load Records, 2011 : L'un des groupes les plus tordus de l'hexagone a attendu 2011 avant de sortir un album capable d'égaler ses prestations scéniques plus que dantesques, inégalables, après pourtant un certain nombre d'enregistrements. En tout cas ils ne volent pas leur réputation, on rigole, on bouge, on s'étonne des possibilités immenses de leur armada d'instruments maison...plus bluffant que Patrick Bruel sur une table de poker!
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