Mea culpa messieurs! Moi
qui au soir du 29 avril 2010, au Grand Mix de Tourcoing, ne vous
accordait que très peu de crédit face à un spectacle ambient,
jazzy, trop exigeant peut-être, pour une première partie
d'Efterklang (et avant Heather Woods Broderick)... l'appel du bar et
le non-respect du méconnu pour un spectateur plus enclin à
apprécier la pop grandiose des danois, exceptionnellement aussi
hermétique qu'une boite en plastique de chez Tupperware, aussi fermé
que votre musique est ouverte... Mais cette fois-ci comme à l'écoute
du premier album (qui pourtant en se référant à Jim O'Rourke avait
largement de quoi me plaire), l'impression de flottement aride
gagnait ma réticence. On dit souvent que la première impression est
la bonne mais il faut également savoir laisser sa chance une seconde
fois.
Discret
et qualitatif, le collectif Laybell passe la deuxième cette année
avec, entre l'electronica abstraite et sublimée des Two Left Ears et
la folie noise-punk des Shiko Shiko (à paraître le mois prochain),
ce nouvel album des Luminocolor, signant ainsi la neuvième sortie de
son catalogue. Un grand coup dans la fourmilière de la part du duo
Benoît
Farine-Olivier Minne, qui semble aujourd'hui avoir pris le temps de
peaufiner son univers, au croisement d'un naturalisme diffus, porté
par les créations visuelles d'un certain Korby (artwork + clips +
vidéos live), et de soubresauts post-technologiques.
A
l'image de cette boulette de papier (''Guapo''),
arrachée au gré des vents et des eaux de son environnement
d'accueil (pas bien urbain certes...), l'assemblage de glitchs mutins
côtoie les field recordings, les programmations électroniques
minutieuses baignent au milieu d'amas organiques de voix,
d'instrumentations jazzy aériennes. Le saxophone
virtuose et bavard s'époumone au fil de ce voyage jalonné de
petites niches douillettes au fin fond de ces forets équatoriales
immenses, construites ça et là pour ponctuer d'intenses moments
chorégraphiques.
Parmi
la faune, une ribambelle de musiciens invités, amis (pour la plupart
de la scène lilloise) énumérés un à un dans un respect
remarquable, rappelant ainsi justement le sens accordé au mot
''collectif'' et cette volonté manifeste de ne pas faire les choses
dans son coin : notons le disque Remixes
& Collaboration
sorti en 2011, des aller-retours constants au sein de Shiko Shiko et
la participation récente au deuxième
volume des Farfi(z)a Sessions,
compilation ''100 % NPDC'' imaginée par le Noize Maker, dans
lequel les groupes jouent leurs morceaux sur un orgue Farfisa des
années 70. Respect également accordé avec un soin aux allures
scientifiques dans la citation (''Musiques du Burundi'', ''Musiques
du Vietnam''...), jusque dans le bel hommage donné au musicien
éthiopien Getatchew Mekuria (''Tezeta'').
Des
lumières, des couleurs, un bol d'air frais et les résonances d'un
monde plus beau qu'il n'y paraît... On dit souvent que la première
impression est la bonne oui, mais on dit aussi qu'il n'y a que les
imbéciles qui ne changent pas d'avis. Heureusement j'ai grandi et
vous davantage ! Encore un peu et je ratais quelque chose de
grand!
Riton
Résonances
en trois mots : exotique, minutieux, lumineux
En
écoute et téléchargement gratuit :
http://luminocolor.bandcamp.com/album/r-sonances
Si
vous aimez cet album, vous aimerez peut-être :
- Luminocolor, LUMINOCOLOR, Pilotti, 2008 : Les débuts discographiques de Luminocolor, plus expérimentaux et sombre que Résonances, mais pas moins extrêmement intéressants (et comme tous leurs disques, en téléchargement ici).
- Lost and Safe, THE BOOKS, Tomlab, 2005 : Si Nick Zammuto et Paul De Jong ont à mon plus grand regret tourné la page de The Books, leur bibliothèque ne risque pas pour autant de prendre la poussière de si tôt, tant elle est inventive, fouillée, drôle, belle, bricolée et j'en passe, faite de brics, de brocs, de glitchs, de samples en tout genre... sans négliger à aucun moment les belles mélodies folk...
- We Know About the Need, BRACKEN, Anticon, 2007 / Wolves And Wishes, DOSH, Anticon, 2008 : Petite sélection Anticon de circonstance ! Bracken, c'est le projet solo de Chris Adams de Hood. We Know About the Need est jusqu'à maintenant son seul album, sorte d'extension de la facette urbaine et électronique du post-rock de Hood (rappelons notamment la participation de Doseone à l'excellent Cold House), en tout aussi contemplatif. De son coté, Martin Chavez Dosh, alias Dosh, triture en solo et avec talent la batterie, les claviers et surtout tout ce qui lui passe sous la main pour un résultat (brillant sur cet album) entre bidouillages folk et electro.
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