mercredi 31 août 2011

Atma, YOB, Profound Lore Records, Août 2011 (Par Gagoun)



       Une fois n'est pas coutume : un peu de metal pour illustrer cet été radieux, léger et ensoleillé qui fut le notre dans le nord de la France... Plus précisément doom, stoner, psyché, sludge, bref tout ce qui est de l'ordre de la lourdeur, de l'opacité, du monolithe et de la fumette, voire plus si affinités. Si j'ai choisi cet album qui détonne un peu dans notre ligne éditoriale, c'est parce qu'il est l’œuvre d'un groupe un peu à part également dans l'univers métal et qui tranche avec la masse doom actuelle. Car ce serait trop caricatural de résumer Yob a un simple jam band de métalleux à riffs sous l'emprise de la défonce. Yob, c'est bien plus travaillé que cela, bourré de détails, de mélodies tordues mais accrocheuses, d'ambiances obscures calculées à la brume près. Yob, c'est varié mais cohérent, Yob sait s'ouvrir tout en rendant hommage au Sabbath ou à une autre légende de laquelle elle se réclame : Neurosis.

       Les trois de Yob viennent de l'Oregon et composent ensemble depuis 2002 déjà. A leur actif cinq albums. Atma constitue donc la sixième étape de ce voyage à la fois spirituel, majestueux et cradingue que constitue leur discographie. A ce titre Atma possède son lot de riffs envoutants, répétitifs et hypnotisants. Mais là où ces prédécesseurs faisaient l'objet d'un travail sur le son et la composition pour le moins énormes, Atma tranche par son aspect brut, sans fioritures, sale et « in your face ». « In your face », c'est d'ailleurs comme cela que débute l'album : sans intro, sans montée en puissance, juste un riff, une basse, une guitare, une batterie et v'lan ! Le son est énorme, rappelant quelque peu le travail d'Electric Wizard sur ses deux derniers albums avec cette volonté de travailler avec des techniques et des technologies analogiques des années 70, là où le métal est né en quelque sorte. En résulte un « Prepare the Ground » très groovy, stoner avec ce riff qui évolue doucement et cette voix d'extraterrestre sous champi. La suite est du même accabi, le morceau éponyme « Atma » et son riff de fin génial, le doomesque et accrocheur « Before we dreamed of two » ou encore l'épique « Adrift in a ocean ». A noter que les deux derniers morceaux évoqués voient l'arrivée en guest star de Monsieur Scott Kelly posant sa voix grave et plaintive sur ces ambiances yobesques : quand je voulais parlé de Neurosis ! Le tout va donc à l'essentiel, alternant growls de fin du monde et chant clair désabusé, mélodies orientalisantes et riffs acérés, la basse étant juste gargantuesque, la batterie, d'une lourdeur à faire pleurer et vomir à la fois n'importe quel batteur de jazz... Alors les détracteurs diront que le groupe régresse, joue la facilité, moi je trouve cet album cathartique, régressif certes mais après tout la régression ne fait-elle pas partie de l'essence même du rock ? Le rock n'est-il pas avant tout un terrain de jeu pour grands enfants (ou moins grands d'ailleurs!) ?

       Un bon échappatoire vers les entrailles de notre bonne vieille Terre, voici ce que je vous propose en ce mois d'août. De toute façon il fait pas bien meilleur en surface... Laissez-vous aller!

Gagoun

Atma en trois mots : régressif, mystique, opaque


Si vous aimez cet album, vous aimerez peut-être : 

  • The Great Cessation, YOB, Profound Lore Records, 2009 : Un autre monument de la discographie de Yob dans un genre plus « aérien » avec un accent sur les mélodies, les ambiances typées presque post rock très marqué. Enorme!

  • Dopesmoker/Jerusalem, SLEEP, Rise Above/Tee Pee Records, 1999-2003 : Edité en deux fois en raison de son format peu habituel, Dopesmoker est au aujourd'hui un monument du doom. Et pour cause, le deuxième et ultime alum de Sleep n'est autre qu'un morceau de 52 minutes. Hypnotisant et lourd à la fois, il a influencé toute une génération de musicos.

  • Summit, THOU, Gilead Media, 2010 : doomy, sludgy, mélodique, l'excellente surprise de ces doomers américains venus de Louisiane montrent qu'on peut faire preuve de talent de composition tout en produisant une musique lourde et déchainée.

  • Black Masses, ELECTRIC WIZARD, Rise Above, 2010 : peut-être pas le plus représentatif du genre ni le meilleur de la discographie de cet immense groupe mais un album qui illustre parfaitement la volonté de retour aux sources du rock et des années 70. Suffit d'écouter le son enfumé, opaque et le psychédélisme que dégagent les morceaux qui le compose.

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